jeudi 14 mars 2013

La solitude est un cercueil de verre

Plusieurs personnes m'ont demandé la raison du sous-titre que j'ai donné à ce blog. "Pour lutter contre le cercueil de verre" est une référence directe au roman de Ray Bradbury, La solitude est un cercueil de verre, paru en 1986. C'est un de mes livre préféré et, si j'ai tardé à le présenter ici, c'est que je voulais le faire après une relecture récente.
Voici l'histoire : le narrateur, un jeune écrivain, trouve le cadavre d'un homme à l'intérieur d'une cage aux lions engloutie dans un canal de Venice. Il est persuadé que c'est un meurtre et tentera de trouver le meurtrier.
L'histoire n'est en fait qu'un prétexte. Le vrai intérêt du roman se situe ailleurs.

"On a si vite fait de résumer la vie de certains que ça n'est rien de plus qu'une porte qui claque ou quelqu'un qui tousse dans une rue obscure à une heure avancée de la nuit. 
On jette un coup d'oeil par la fenêtre ; la rue est vide. Celui qui a toussé est parti."

C'est à ces "certains"-la que l'on s'intéresse. La ville en elle-même est déjà un de ces "certains"-la. En décrépitude, en démolition, dans un brouillard poisseux qui semble ne jamais s'absenter, il y a la fin d'un monde qui se joue à Venice. Tous les personnages que l'on croise, aussi haut en couleurs soient-ils, participent à la fin de ce monde. Lui suivivront-ils ? Ont-ils ne serai-ce que l'envie de lui survivre ? Toute la question est là.
Oui ce n'est pas un livre très joyeux dont je vous parle, j'en ai bien conscience. Seulement, au delà de la tristesse poisseuse qu'il dégage, de cette torsion du coeur qu'il crée en nous faisant aimer tous ses personnages vaincus d'avance, il y a cet effet tout particulier que l'écriture de Ray Bradbury a sur moi.
C'est ici un des rares livres qui me provoque des "images".
Je m'explique.
Je n'ai aucune imagination, ni mémoire visuelle. Oui je sais c'est étrange mais dites-vous que j'ai mis 18 ans à me rendre compte que ce n'était pas le cas de tout le monde. Le Gros avantage, c'est que je ne serai jamais perturbée par une description, aussi gore soit-elle. Le gros inconvénient c'est qu'il m'est très difficile de me faire une idée précise des personnages ou des décors de roman même s'ils sont décrits de façon précise.
Ça ne m'empêche pas d'aimer lire mais j'imagine que je rate une partie du plaisir.
Ce roman-ci est différent. Je ne sais pas pourquoi exactement, ma seule hypothèse c'est que l'ambiance qui se dégage de ses pages est suffisamment forte et correspond suffisamment à mon univers personnel pour créer une alchimie particulière. Du coup je suis obligée de lire beaucoup plus lentement qu'a mon habitude, pour permettre aux images de surgir, de prendre leurs places puis de se fondre en de nouvelles images apportées par de nouvelles phrases.

2 commentaires:

Purple velvet a dit…

Il faut absolument que je trouve ce livre.. D'abord parce que je trouve ce titre absolument extraordinaire ( et plus encore que son titre original).. et que jusqu'à présent j'ai énormément accroché à tout ce que j'ai lu de cet auteur inclassable et souvent tellement poétique.
au contraire, beaucoup de ses textes m'évoquent des tableaux, souvent ceux assez désabusés de Hopper, d'ailleurs.

ioionette a dit…

Je crois qu'il manque un bout de ton commentaire non ?
Bradbury fait parti de mes auteurs préférés et oui c'est moi aussi le titre qui m'avais fait ouvrir ce livre pour la première fois. Tu verra, le contenu est du même niveau. Je serai contente d'avoir ton avis dessus après ta lecture d'ailleurs.