samedi 30 novembre 2013

Projet 12x2 / 1-Novembre

Je ne suis pas photographe mais, comme beaucoup de monde, j'aime prendre des photos et je me targue d'en réussir certaines. Récemment, je me dis que mettre en ligne mes photos ici de manière régulière me forcera à en faire un peu plus et à exercer mon œil. J’inaugure donc ce mois-ci un projet photo d'une durée prévisionnelle de 24 mois. Une année pour photographier mes impressions des différents mois qui la compose, et une année pour prendre les photos que j'aurai l'impression d'avoir "oublié" la première fois.
Bienvenue à bord du projet 12x2.

De Novembre, j'aime la lumière qui décroit, les longues promenade dans une nature qui s’en-sommeille, le contraste quand on rentre à l’abri dans la chaleur du chez-soi. En novembre, on sort pour mieux rentrer, et si j'avais le choix, c'est un mois que je passerai bien tout entier à la campagne, dans une maison avec une cheminée.

Ce que j'ai oublié ou n'ai pas eu l'occasion de photographier, essentiellement des scènes d'intérieurs pour rendre compte du côté douillet de novembre : le chat qui dort sur un fauteuil, une grillée de châtaigne, un hall dans lequel sèchent des parapluies...













jeudi 28 novembre 2013

Le marché de l'histoire de Pontoise (novembre)

Je vous avais déjà parlé du marché de l'histoire de Pontoise en avril dernier lors de sa précédente édition. Mais je n'avais pas vraiment pu vous le faire voir car, comme une bécasse, j'avais oublié mon appareil photo à la maison. Cette fois-ci je n'ai pas fait la même erreur et je suis revenue avec des tas d'images à vous montrer.
L'édition de novembre est assez différente de celle d'avril car ce n'est pas uniquement une "foire", on n'y croise pas uniquement des marchants mais aussi des compagnies qui présentent leurs activités dans le bur de trouver des dates de prestation pour la saison suivante. Les organisateurs d'événements viennent donc faire eux aussi leur "marché" et choisir quels prestataires ils vont engager. Du coup c'est bien plus grand et il y a aussi bien plus de monde.
Le point très positif de l'édition de cette année, c'est la diversification des compagnies présentées. En effet, si les Pontoises précédents restaient très centrées sur le Moyen Âge, celui-ci a vu apparaitre des stands retraçant de bien plus nombreuses époques. Si la partie "marché" reste très médiévalisante (en dehors de la nourriture qui est elle assez diversifiée) ce n'est au moins plus le cas de la partie réservée aux compagnies.
Mais place aux images.

 Quelle bonne idée de faire jouer les groupes composés en majeure partie de percussions à l'extérieur, outre que cela fait un beau comité d'accueil, mes oreilles vouent à l'idée une éternelle reconnaissance.

A l'intérieur c'est une compagnie de cirque aérien qui ouvre le bal. Impressionnant.

Les bâtisseurs sont venus lourdement équipés...

... et c'est le fabriquant de vitraux qui leur fait face.
 
A chaque pas, un bond dans le temps....

 ...fourmillant de détails.

Il existe aussi des compagnies transversales, qui proposent une vision thématique de l'histoire,

voire une vision sans grand rapport avec l'histoire...

Du côté des artisans, beaucoup de costumes : pour le théâtre,

pour une élégance sur-mesure,

et même pour combattre.

On trouvera aussi de quoi s'éclairer,

De quoi se laver, 

De quoi manger.

Quand aux gens que l'on croise, chacun fait ses emplettes dans le costume qu'il préfère, qu'il soit encombrant, 

magique,

ou naturel...

mardi 26 novembre 2013

La reconstitution en dehors du Moyen Âge

Dans les deux articles précédents, je ne vous ai parlé des différentes catégories de costumes (plus ou moins) historiques en ce qui concerne la période du Moyen Âge. Mais cette période historique est loin d'être la seule que des passionné(e)s tentent de reconstituer. Quasiment toute l'Histoire est concernée par le phénomène. Je sais que ce travail ne dispose pas d'une grande visibilité et que la plupart d'entre vous ont à peine du en entendre parler mais il existe pourtant des travaux de reconstitution allant de la préhistoire jusqu'à des périodes beaucoup plus récentes. Malheureusement, les fondus des différentes époques n'ont pas forcément énormément de contacts entre eux car il existe peu de manifestations multi-époques, le marché de l'histoire de Pontoise étant une des rares exceptions (je vous parlerai de l'édition de novembre dans le prochain article).
Heureusement pour moi, l'Anglais fait partie des passionnés à s'être épris de plusieurs époques et il possède deux superbes costumes hors Moyen Âge dans lesquels il a accepté de poser devant mon appareil.


Le premier est un costume de capitaine du 5ème régiment de Hussard, il demeure pour le moment incomplet puisqu'il lui manque la pelisse, le gilet, le chapeau et les armes. Bien sûr il manque également le cheval mais je ne crois pas que cette partie là soit prévue au programme pour le moment. En tout cas, si l'enfilage est long et laborieux (je vous rappelle que, les matières synthétique n'existant pas à l'époque, aucune des cordelettes de boutonnage de la veste n'est élastique), le résultat est très classe.


Le second costume est également un habit militaire, mais localisé de l'autre côté de la manche cette fois. L'Anglais porte en effet ici la reproduction de l'équipement d'un sergent nordiste durant la guerre de sécession aux États-Unis. Vous voyez Chesterfield dans les tuniques bleues ? Et bien le même. Là encore les armes sont pour le moment manquantes.
Les deux costumes retracent sensiblement la même période et le même type de combat puisqu'il s'agit de cavalerie légère. Cela devrait donc permettre à quelques éléments d'être utilisables dans les deux cas de figure. C'est le cas des bottes de cavalerie et ce sera probablement aussi le cas du sabre.
Bien sûr, vu leur complexité, ces deux costumes n'ont pas été fabriqués par leur porteur. Autant sur la période médiévale, avec un peu de patience et de documentation il est tout a fait possible de se fabriquer des costumes tout a fait corrects "à la maison", autant sur de nombreuses autres périodes historique, ça devient vite un vrai challenge. On fait alors plutôt appel à des artisants spécialisés dans ce domaine tels que ceux que l'on peut rencontrer au marché de l'histoire de Pontoise, ou sur internet lorsque l'on sait les y chercher.

Je profite de cet article pour proposer aux personnes que cela intéresserait de poser avec leurs costumes, qu'ils soient de reconstitution, d'évocation ou fantastiques, et quelle que soit l'époque représentée de me contacter. Je serai ravie de continuer cette série d'articles en montrant d'autres costumes, les personnes qui les portent et les choix qui ont présidés à leur création.

lundi 25 novembre 2013

Reconstitution / Évocation / Médiéval-fantastique - Les costumes masculins

Comme promis dans l'article sur le costume féminin, et malgré un temps d'attente bien long dont j'espère que vous m'excuserez, voici le second article sur les costumes de reconstitution, d'évocation et fantastiques, côté homme cette fois.
L'Anglais et Amaël ont bien voulu se prêter au jeu, merci à eux.


1 - La reconstitution
Le costume XIIIème porté par Amaël (à droite) comporte quelques erreurs et mon prochain exercice de couture consiste précisément à lui confectionner une tunique un peu plus "histo". Comme je l'avais expliqué dans l'article précédent, il n'est pas rare de découvrir après coup des erreurs d'interprétations ou même de documentation dont on s'est, bien malgré soi, rendu coupable. Dans ce domaine, cette tunique est un cas d'école. Elle date de mes premiers pas dans la reconstitution et, si la coupe n'est pas mauvaise, la décoration et la matière sont discutables. Elle est toute ornée de galons à cause de mon enthousiasme de l'époque (je venais de commencer le tissage et j'avais envie d'utiliser mes galons tout neufs) et confectionné dans un tissu de lin (une hypothèse pas forcément fausse, mais un drap de laine aurait été un choix plus probant et plus confortable pour le porteur). 
L'Anglais porte, quant à lui, un costume XVème assez spécifique puisqu'il représente un personnage faisant profession de monayeur, de changeur. Cette profession étant relativement riche, il porte des vêtements adaptés à son statut social ainsi que son instrument de travail, une bourse multiple pour y ranger les pièces de différentes provenances qu'il est amené à manipuler. On voit ici que l'activité que l'on présente au public peut également orienter la création ou l'acquisition du costume et de ses accessoires.

Détail des accessoires du changeur

L'Anglais m'a fait lui-même remarqué les imperfections de son costume : ses chausses sont trop courtes (elles ont tendance a sortir des chaussures) et la couture n'est pas au bon endroit puisqu'elle vient se placer sur l'avant de la jambe plutôt que sur le côté. N'y connaissant pas grand chose aux costumes masculins du XVème siècle, je n'aurais pas remarqué ces petites choses moi-même, mais cela vous donne une idée du degré de perfectionnisme que l'on peut atteindre en reconstitution. Même s'il s'agit d'un menu détail, à partir du moment où un défaut est visible, on considèrera qu'il est dommageable pour le costume et qu'il faut le corriger dés que possible.


2 - L'évocation
Chez les hommes comme chez les femmes, on commence souvent par faire de l'évocation, pas forcément par choix mais parce que souvent les costumes auxquels on a accès le plus facilement sont soit d'évocation, soit medfan et que, lorsque l'on débute, il est très difficile de faire la différence entre le Moyen Âge tel qu'il était vraiment (en tout cas de ce qu'on en sait) et le Moyen Âge tel que le dépeignent la culture populaire et notre imagination. Ainsi ce n'est souvent qu'après coup que faire de la reconstitution, de l'évocation ou du medfan devient un choix conscient.
Pour cette raison vous croiserez souvent dans des fêtes médiévales des personnes costumés avec des vêtements de la marque Léonardo Carbone tels que la tunique que porte Amaël ici, ou Armstreet comme la robe que portait Dame Léo dans le précédent article. lls se caractérisent en général par l'utilisation de tissu de coton et l'ajout de décorations modernes, souvent des galons industriels.
Un autre domaine dans lequel on trouve beaucoup d'évocation ce sont les tenues militaires. En effet il est souvent difficile d'accorder les pièces d'armures car beaucoup de costumes militaires commencent sur un coup de coeur (souvent une épée) qui ne s'accordera ensuite pas forcément avec la pratique que l'on a envie d'avoir (il faut s'équiper différemment si l'on pratique du combat chorégraphié, de la mélée ou du duel judiciaire) ou avec l'époque dans laquelle s'incrit cette pratique (pour des raisons de sécurité, certain types de combats ne sont autorisés sur les fêtes médiévales qu'avec des équipements d'une certaine époque). L'autre difficulté de l'équipement militaire, c'est qu'il est très cher et qu'il faut investir dans de nombreuse pièces différentes, rares sont donc les personnes qui peuvent tout se payer en une fois. On se retrouve donc souvent à faire de l'évocation de façon temporaire, le temps de compléter son équipement. C'est typiquement ce genre de cas qu'illustre le costume de l'Anglais ici, car s'il a un beau doublet armé (un haut rembourré pour ne pas sentir les coups) il ne porte ni casque, ni gants qui sont deux accessoires indispensables pour pouvoir combattre. De plus, son bouclier est de loin antérieur à ses autres éléments d'armure et d'habillement, ce qui place définitivement son costume dans le domaine de l'évocation.


3 - Le Médiéval-fantastique
Si les figures types que l'on retrouve le plus dans le domaine mediéval-fantastique côté féminin sont l'elfe/magicienne, la princesse et la tarvernière, du coté masculin on est plus guerrier barbare, rodeur ou highlander. De la fourrure et des armes à foison donc, avec la tête qui va bien, on se paye le plaisir d'être un peu effrayant et de se sentir un peu sauvage le temps d'un week end et ça fait du bien. Tout comme chez les femmes il s'agit ici aussi de se mettre en valeur et de porter des vêtements qu'on ne mettrai pas dans la vie de tout les jours pour des raisons de praticité, et parce qu'ils ne correspondent pas à ce qui est considéré comme "portable" pour arpenter les lieux publiques de notre société actuelle. Si le port du kilt se démocratise un jour on en verra sans doute moins en fête médiévale.

mercredi 20 novembre 2013

Une nouvelle affiche pour le bal de Prend Garde aux loups

Je vous avais déjà parlé de Prends garde aux loups puisque j'avais réalisé une affiche en mai dernier pour un bal dans lequel ils se produisaient et que j'avais filé un coup de main lors du bal en question. Le groupe rejouera lors d'un bal au babillard fin novembre et j'ai à nouveau été sollicitée pour aider à réaliser l'affiche. A dire vrai, mon apport cet fois-ci est purement technique et non artistique.


Le très beau dessin qui constitue le fond de l'affiche à été réalisé par Florine (son blog ici) qui en plus d'être une amie, est une personne de grand talent. Mon travail à moi, c'était d'ajouter le texte en respectant la hiérarchie des informations, tout en prenant garde à ne pas écraser le dessin. Un équilibre subtil à trouver mais je crois m'en être plutôt bien sortie.
J'ai aussi fait de la retouche d'image car, en raison d'un changement de dernière minute du second groupe, Florine a du supprimer en catastrophe les escargots représentant les membres de Caracole, le groupe qui devait initialement partager l'affiche avec Prends garde aux loups. Résultat, des "caches" apposés sur les parties du dessin concernées et dont j'ai du effacer les bords que l'on voyait légèrement apparaitre. Si vous ne voyez rien sur l'affiche finale, c'est que j'ai bien réussi mon coup.

A gauche, escargot, au centre le "cache" réalisé par Florine, à droite la version retouchée.

Tout ça pour vous dire que parfois, le travail du graphiste c'est de faire en sorte qu'on ne se rende pas compte qu'il a touché à quoi que ce soit. Un travail invisible, mais étrangement gratifiant. 

mardi 19 novembre 2013

La fille aboie, l'araignée danse


Vendredi soir, j'ai été voir un spectacle de contes pour adultes (et oui ça existe), une représentation du duo Huile d'olive & Beurre salé et qui s'intitule La fille aboie, l'araignée danse. Les deux conteuses y racontent les histoires croisées de deux femmes, nommées toutes deux Maria et dont les destins se répondent malgré le temps et la distance.
Maria la bretonne est une aboyeuse de Josselin. Héritière d'une malédiction transmise par sa mère et qui, lorsqu'elle se déclenche, la met au ban de la société.
Maria l'italienne est une tarentulée. Piquée par une araignée au venin supposé mortel, elle doit danser pour guérir, d'une danse impudique qui lui ferme l'accès au mariage et rend impossible l'avenir qu'elle se rêvait.
Deux histoires tragiques donc, où des femmes rendues "sauvages" sont rejetées par ceux qui les ont pourtant toujours connues. Si les aboyeuses et les tarentulées ont vraiment existé, les deux Maria elles, sont des personnages crées par les conteuses. Ce mélange de matière traditionnelle et de personnages inventés donne un ton tout à fait particulier au spectacle et participe sans doute à sa grande réussite. Le conte et la tradition y sont, au final, utilisés pour dessiner en filigrane une critique de notre monde actuel dans lequel rien n'a changé puisqu'on y exige toujours des femmes une apparence et un comportement lisse et sans aspérités.
Le spectacle se compose de différents "tableaux" qui s'enchaînent, voguant avec dextérité d'un ton à l'autre. Nos conteuses se font tour à tour narratrices, personnages, professeures, chanteuses et même rappeuses et divinités. Étonnamment à leur aise dans chacun des rôles qu'elles endossent sans discontinuer pendant plus d'une heure, elles font passer sans efforts le spectateur des frissons au rire et jusqu'au bord des larmes. Un spectacle complet et osé qui plaide pour que la part de sauvagerie présente en chacun et surtout en chacune d'entre nous ne soit plus considérée comme une tare.

"Gardons nos poils mesdames, ne perdons pas nos âmes"

toutes les dates de spectacle sur leur site

samedi 16 novembre 2013

La Fiancée de Bombay / Indian Palace


Victime d'une pause forcée entre les tomes 4 et 5 de La Tour Sombre (dont je vous ai parlé ici) j'en ai profité pour lire un livre prêté et conseillé par Laetitia : La Fiancée de Bombay. Comme je lui ai trouvé quelque points commun avec un film que j'ai visionné dans l'avion pour la Californie, j'ai décidé faire une critique commune des deux.
La Fiancée de Bombay raconte le parcours de trois jeunes anglaises, leur voyage vers l'Inde, leur installation et adaptation sur place et leur amitié. J'ai beaucoup aimé ce livre, très intéressant de part la façon dont ces trois femmes se débattent, chacune à leur manière, pour trouver leur place dans ce pays qu'elles ne connaissent pas et dans cette société coloniale de la fin des années vingts, d'autant plus dure pour les femmes seules que la contestation des Indiens envers la domination anglaise commence à se faire sentir.
Indian Palace (The Best exotic Marigold hotel) quand à lui raconte comment 7 retraités anglais se retrouvent à déménager dans un hôtel en théorie luxueux et dans les fait à moitié délabré au coeur de l'Inde. Nous y suivons leur découverte plus ou moins heureuse du pays ainsi que la bataille du gérant de l'hôtel tentant à lui seul de résoudre la totalité des problèmes du quotidien. Le film est très drôle et plutôt bien mené, et l'on voit toutes ces personnes qui ne pensait rien avoir à apprendre encore de la vie, être obligés de se remettre en question face à leur nouvel environnement.
Le point commun de ces deux histoires c'est bien sur l'Inde, et leur réussite commune tiens à la façon dont ils montrent de façon subtile mais évidente l'ambiguité des rapports qu'entretiennent les occidentaux, et plus précisément les anglais, avec le sous-continent indien. L'Inde est un pays qui ne laisse pas indifférent, chacun y réagi à sa façon suivant sa personnalité mais je ne crois pas qu'il soit possible d'y séjourner sans en être changé. Ces deux fictions balayent bien le panel des différentes réactions qu'on peut le plus couramment observer. Parmi celles-ci : le repli sur soi, sur ce que l'on connait, le refus d'affronter la réalité du pays ; la condescendance de l'expatrié qui voit le pays de l'oeil du colonialiste venu pour "apporter la civilisation" et qui n'admet pas qu'on puisse penser que ce qu'il a offrir n'est pas mieux que se trouve déjà sur place ; le tourisme fasciné de celui qui admire sans retenue l'histoire et l'art du pays, quitte a vivre dans le passé ou à renier l'existence même des habitants ; le questionnement de celui qui veut comprendre et apporter sa pierre à l'édifice sans imposer sa culture aux autres ; et d'autres encore.
C'est bien sûr aux personnages qui se questionnent et tentent de s'adapter que l'on s'identifie le plus et ce sont eux qui prennent la plus grande part dans chacune des deux histoires.
Chacune des deux fictions apporte ensuite des points positifs différents : La Fiancée de Bombay de part son contexte historique sur le fil du rasoir ; Indian Palace parce qu'il réserve un de ses rôle principaux à un indien et effleure par là même l'autre face de la relation orient/occident.
A lire et à voir donc, spécialement si vous êtes déjà allé en Inde et en êtes revenus un peu déboussolés ne sachant plus quoi penser ni de l'Inde, ni de vous, comme cela a été mon cas. Même si on sait que ça ne rendra pas forcément un prochain séjour moins déroutant, on se sent tout de même moins seul. J'attends maintenant avec impatience une fiction qui abordera cette relation ambigüe par l'autre côté, du point de vue d'un, ou de plusieurs indiens.

jeudi 14 novembre 2013

Interview de l'auteur de Scandaleuse Élisabeth

Le Bal Paré, de Jean-Antoine Duclos, d'après Augustin de Saint-Saubin, 
gravure de 1774 où l'on voit danser une "Allemande" 
danse au cours de laquelle les héros du roman échangent leur premier regard.

Je vous propose de compléter et de finir le cycle d'articles sur la romance par l'interview de l'auteur du livre dont j'ai fait la critique dans mon article précédent : Éléonore Fernaye

Bonjour Éléonore, Scandaleuse Élisabeth est votre premier roman, qu’est-ce qui vous a amené à devenir écrivain, et qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce genre particulier qu’est la romance ?
J’ai toujours aimé et voulu écrire mais, pendant longtemps, cette envie est restée dans un coin de ma tête. Dans le même temps, la romance est un genre que j’affectionne particulièrement, notamment la romance historique. Je me disais qu’il pouvait y avoir des choses intéressantes à raconter d’un point de vue plus « français », et c’est ainsi que j’ai fini par me lancer.

On l’a vu la romance est un genre particulièrement rigide, quelle est votre méthode pour créer un roman original sans sortir de la structure imposée ? Avez-vous eu la tentation de « casser » cette structure et si oui pourquoi avoir finalement décidé de ne pas le faire ?
Je ne pense pas que la romance soit « particulièrement rigide ». Pour moi, c’est un genre fait de règles tacites et acceptées de tous, les lecteurs comme l’auteur, mais ces règles peuvent être contournées ou détournées à l’envi. Personnellement, j’ai choisi d’axer l’originalité de mon roman sur la période et les situations, plutôt que sur une construction « iconoclaste ».
J’avoue que, si j’ai eu envie de créer quelque chose d’un peu original, j’ai préféré me fier à une trame « classique » qui me permettrait de prendre mes marques dans ce premier roman. Mais il est possible que j’évolue à mesure que j’écrirai d’autres livres.

Le lieu et l’époque que vous avez choisis sont des options très rares dans la romance, quelles étaient les raisons de votre choix ? Notamment, pourquoi avoir choisi Paris plutôt que Versailles qui était le lieu de résidence d’une grande partie des nobles ?
J’ai précisément choisi cette période parce qu’elle est très peu exploitée dans la romance historique, alors qu’elle est, selon moi, très propice aux intrigues et aux passions, et qu’en plus elle a fait naître tout un imaginaire, ne serait-ce qu’autour de Marie-Antoinette, par exemple.
Contrairement à l’idée reçue, après le règne de Louis XIV, la cour s’est réinstallée à Paris et, en dépit du retour à Versailles ordonné par Louis XV et Louis XVI, la vie culturelle et sociale est restée dans la capitale. Sous Louis XVI, les nobles préféraient faire deux heures de carrosse pour dormir à Paris, sous prétexte que Versailles était d’un ennui mortel ! En fait, n’y résidaient à plein temps que la famille royale et quelques chanceux titulaires d’une charge à la cour. Enfin, la vie là-bas était hors de prix et, compte tenu de l’état financier de la famille de l’héroïne, le choix de demeurer à Paris me paraissait plus légitime.

On sent que vous avez une grande connaissance de l’époque dans laquelle vous situez l’action avez-vous fait beaucoup de recherches préalables spécialement pour le livre ou est-ce une époque qui vous intéresse depuis de nombreuses années ? Par ailleurs comment menez-vous ce travail de recherche ?
Je ne m’estime pas grande connaisseuse du XVIIIème siècle, je suis plus calée sur le siècle précédent – en revanche, il est vrai que j’ai une passion pour Versailles. Du coup, j’ai dû effectuer pas mal de recherches, que ce soit pour vérifier des événements marquants, comme les dates de présence de Benjamin Franklin en France, ou des détails qui peuvent paraître insignifiants mais qui me tenaient à cœur (le temps de trajet entre deux villes, l’organisation spatiale de Paris à l’époque…).
Comme j’ai étudié l’histoire, j’avais quelques manuels sous le coude et j’ai pu, à partir de là, me constituer une bibliographie, même si je m’inquiétais des détails historiques à mesure que j’écrivais l’histoire. J’ai également beaucoup consulté d’œuvres picturales (en particulier des tableaux) pour avoir une idée précise de l’habillement, ou des plans d’hôtels particuliers pour savoir me repérer ! Ensuite, nous avons la chance aujourd’hui d’avoir Internet, et des passionnés mettent parfois en ligne des choses qui m’ont été extraordinairement utiles.

L’intégration des informations historiques est un des points très réussi du roman, quelle est votre méthode pour distiller les informations historique et faire sentir le contexte sans étouffer le lecteur et ralentir la progression du récit ?
Je suis heureuse de le savoir, pour être honnête, j’avais parfois peur de noyer le lecteur ! En fait, je me suis dit qu’un simple rappel pouvait être parfois plus intéressant que des détails factuels qui n’apportent pas forcément beaucoup à l’histoire. Néanmoins, j’avoue que je n’ai pas de méthode, je l’ai fait à l’instinct.

La situation des femmes à l’époque ne semble guère enviable, est-ce difficile de créer un personnage principal féminin fort dans un contexte où les femmes n’ont, semble-t-il, aucune autonomie possible à moins d’être veuve ?
Il est possible que j’aie noirci le tableau pour rendre la rébellion d’Elisabeth plus criante, mais il est vrai qu’une jeune fille célibataire avait très peu de libertés, à moins de choisir d’entrer au couvent (et encore…). En revanche, une femme mariée pouvait sortir, tenir salon, recevoir du monde… en France, et notamment à Paris, ce sont les femmes qui se trouvaient au cœur de la vie intellectuelle ; disons qu’elles n’avaient sans doute pas les mêmes libertés que nous aujourd’hui, mais qu’elles apprenaient à jouer et à profiter au maximum de celles qu’elles pouvaient trouver dans leur quotidien.
Créer un personnage féminin fort était pour moi une condition sine qua non à l’écriture de ce roman – il aurait été, je pense, beaucoup moins intéressant de suivre les aventures d’une jeune fille insipide. Du coup, l’inspiration m’est venue assez facilement, même si j’ai eu peur tout du long de frôler la caricature.

Le roman se déroule en 1778, à une petite dizaine d’année à peine de la révolution française, comptez-vous dans les prochains tomes faire avancer le récit jusqu'à celle-ci ? Si oui saura-t-on ce qu’il va advenir des personnages de Scandaleuse Élisabeth face à ce bouleversement, je pense notamment aux parents de l’héroïne et à sa meilleure amie, qui sont nobles et risquent de se retrouver dans une situation dangereuse ?
J’ai en tête deux tomes supplémentaires, un pour le frère aîné et un pour la sœur cadette d’Elisabeth et, oui, j’ai l’intention d’avancer au fur et à mesure dans la chronologie, jusqu’à rattraper la Révolution. Et comme, si j’étais lectrice, je m’angoisserais aussi pour les héros et leur entourage, j’essaierai d’aborder leur devenir pendant cette période troublée.

Merci beaucoup à Éléonore pour ces réponses instructives.

mardi 5 novembre 2013

Scandaleuse Élisabeth

Après vous avoir parlé de façon un peu abstraite du genre, j'ai décidé de vous parler d'un cas "pratique", voici donc ma dernière lecture en date.
Ce roman est un cas à part, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord il est écrit pas une auteure française, ce qui est à souligner au sein d'une production quasi exclusivement anglo-saxonne. Ensuite l'histoire se place dans un contexte très peu utilisé dans ce type de livre, Paris à la fin du XVIIIe siècle. Les destinations les plus courues, et de loin, pour les romances sont l'Écosse et l'Angleterre et les époques les plus usités, le moyen âge et l'époque pré-victorienne, du coup, ça change.
Nous suivons donc Élisabeth d'Arsac, jeune femme noble réfractaire au mariage et Henry Wolton, armateur appartenant à la délégation américaine (les État-Unis sont en pleine guerre d'indépendance et requièrent le soutien de la France contre la perfide Albion) qui se cherchent et se fuient dans les rues et les salons de la capitale.
Bien écrit et facile à lire, j'ai beaucoup apprécié ce court roman.
De façon étonnante, l'héroïne n'est pas le personnage auquel je me suis le plus attachée et identifiée, malgré son fort caractère et peut être même à cause de lui. En effet, elle a ce défaut d'anachronisme, très récurant dans les romans historiques dont j'avais déjà parlé, notamment à propos du Domaine des murmures. C'est très souvent le cas dans la Romance et en règle générale, je l'accepte assez bien, considérant cela comme un moindre mal puisque cela permet d'avoir des personnages féminins de caractère. Si cette fois cela m'a gêné, je pense que c'est parce qu'Élisabeth est le seul personnage sur lequel j'ai remarqué ce défaut. Je ne connais pas suffisamment l'époque traitée pour affirmer que les autres personnages n'ont pas, eux aussi des côtés anachroniques, mais en tout cas s'ils les ont, c'est de manière bien moins importante. Contrairement à Élisabeth qui semble quasiment toujours ne suivre que ses envies, la plupart des autres protagonistes tiennent compte de la société dans laquelle ils évoluent et semblent ressentir fortement la pression sociale, très lourde à l'époque. Les parents d'Elisabeth se débattent entre la pauvreté qui les guette et la nécessité de garder un train de vie conforme à leur place en société, son prétendant doit composer avec son statut de roturier et une société qu'il connait mal, sa meilleurs amie, veuve, semble être victime de rumeurs concernant ses moeurs. Tous semblent oppressés par la société dans laquelle ils vivent, se débattant du mieux qu'ils peuvent au sein d'un univers qui ne leur laisse que peu de possibilités et dont le déclin se fait sentir. J'ai donc beaucoup aimé la plupart des autres personnages, très humains et sensibles et j'ai suivis avec intérêt leurs parcours.
Cela d'autant plus que, roman se passant en 1778, le lecteur moderne à conscience que, dans une petite dizaine d'années, le monde que nous décrit l'auteur sera détruit, tout ce qui fait le quotidien des personnages disparaitra et quelques uns d'entre eux perdront même peut être la vie dans la tourmente de la révolution. Oui je sais, ce sont des personnages de fiction, il n'ont pas vraiment vécu, mais l'imminence du bouleversement dont nous avons conscience fait que l'on sait que le "happy end" obligatoire dans la romance n'est que temporaire. L'auteur prend bien sûr le soin de mettre ses personnage principaux à l'abri mais les autres ? S'ils n'ont pas de doutes sur leurs avenirs, nous en avons pour eux et j'ai fermé le livre avec une sorte d'angoisse diffuse et le souhait que l'auteur me rassure avec un prochain tome qui nous ferai retrouver tout ce petit monde sain et sauf après la révolution.

"La mélodie des violons leur parvenait, mais comme assourdie par la distance et le manque de lumière"