lundi 31 mars 2014

Projet 12x2 / 5-Mars

En Mars, ce sont les jardins que j'ai envie de regarder, la nature domestiquée, les arbres en fleurs avant d'être en feuilles.
Et comme cette année je lève bien plus les yeux qu'avant, notamment grâce à ce projet, je me rend enfin compte à quel point la nature va à des vitesses multiples. La floraison du magnolia fini ainsi bien avant que certaines espèces n'aient même déjà formés leurs boutons. Tout au long de mars la floraison est comme un relai passé entre les arbres et c'est aussi ravissant d'avoir toujours une nouvelle fleur à voir que frustrant d'observer certains arbres encore aussi nus qu'au coeur de l'hiver.










vendredi 28 mars 2014

A voté !

 
Attention cet article n'a pas vocation à donner des leçons de vérité absolue, je ne suis ni historienne, ni sociologue, ni économiste et ne reposent ici que mes réflexions et observations personnelles.
La bonne nouvelle c'est que du coup vous n'êtes pas obligés d'être d'accord avec ce que je m’apprête à écrire.
La mauvaise c'est que je m'arracherai sans doute les cheveux en me relisant dans 6 mois. Sachant cela je promet d’être honnête et de conserver cet article sur le blog malgré tout.
Tout au long du 20ème siècle, on a vu s'affronter deux idéologies dominantes, le capitalisme et le socialisme (ou communisme mais je préfère utiliser le premier terme car le second est historiquement associé à des délires tyranniques assez éloignés de l'idée de base). Ce spectaculaire affrontement s'est achevé par la défaite du second dont les lambeau finissent d'agoniser en notre début de 21ème siècle. (Non la Chine et la Corée du Nord ne sont pas comptabilisables comme États communistes, ce sont des dictatures à prétexte et la Chine est bien plus capitaliste que la plupart des pays acceptant l’étiquette).
Bref le capitalisme a triomphé. Et si la France traverse aujourd'hui une crise politique (qui commence à durer parce qu'elle n'a clairement pas commencé avec les municipales 2014) c'est sans doute en grande partie parce que son modèle social a été majoritairement forgé sur la base d'une conception socialiste (le front populaire tout ça...) et s'avère dramatiquement incompatible avec un capitalisme libéral. Ainsi le gouvernement se débat avec des demi-mesures qui, à défaut de contenter tout le monde, se ravissent de ne contenter personne et ne parviennent qu'a vaguement ralentir l'agonie d'une exception sociale avec laquelle la doctrine qui régit dorénavant l'ordre mondial ne peut coexister.
Bref. Nous vivons dans un monde capitaliste et que l'on soit d'accord ou pas avec ce monde, c'est un autre débat dans lequel je ne me lancerai pas (enfin pas aujourd'hui).
Le capitalisme, en tant que théorie, part du principe que l'état ne doit quasiment pas agir sur l’économie. Tout, y compris les prestations qui existent aujourd'hui en tant que "services publiques" (éducation, santé...), y est privatisé. Le monopole inexistant permet à la concurrence entre les différents prestataires de réguler à la fois les prix et la qualité des services.
Si vous m'avez suivi jusque là, vous devez commencer à comprendre où je veux en venir.
Tout simplement au fait que dans un monde capitaliste, votre bulletin de vote n'a plus vraiment la même valeur car les élus que vous choisirez n'aurons qu'une prise minimale sur certains des sujets qui vous préoccupent au quotidien.
Si on prend le chômage par exemple : Il se trouve que c'est moins cher de faire fabriquer des vêtements au Bangladesh et les acheteurs potentiels attachent de l'importance aux bas prix. Du coup ce sont les entreprises qui font fabriquer leurs produits au Bangladesh qui prospèrent et non pas celles qui créent des emplois localement. C'est la loi de la concurrence et l'État ne peut rien faire contre ça.
Si on veut taper là où le bas blesse on peut aussi parler de la politique étrangère : le gouvernement Chinois ne fait pas respecter les droits de l'homme sur son territoire et l'État Français pourrait, devrait même à mon avis, le condamner moralement pour cela. Seulement les entreprises chinoises commandent des avions aux entreprises européennes, on n'ose donc pas risquer de sembler désapprouver leur gouvernement de peur de perdre ce marché. Le gouvernement sous un régime capitaliste, ce n'est quasi plus que le commercial de luxe des entreprises de son pays, à tel point que, si j'osai, je proposerai qu'il soit payé à la commission et non plus à l'aide de nos impôts.
Alors que faire à son échelle pour exprimer ses opinions, puisque voter semble devenu obsolète ? Facile, sous un régime capitaliste, votre vrai bulletin de vote, ce sont vos sous. Le système est sensé se réguler par la concurrence, et c'est à vous de le prendre au mot. D’où vient ce que vous vous apprêtez à acheter ? Comment cela a-t-il été fabriqué ? Avec quelles matières premières ? Son processus de fabrication est-il polluant ? Les personnes qui l'ont fabriqué sont elles sous-payées, maltraitées ? Bien sûr vous n'avez pas forcément toutes les réponses à ces questions, c'est évident, mais bien souvent vous avez en tout cas assez d'indices pour répondre à la question sous-jacente :
Est-ce que la façon dont cet objet est arrivé entre vos mains est en accord avec vos convictions personnelles ? Est-ce que ce vous approuvez ce qu'il reflète de notre monde ?
Si vous pouvez répondre "oui" sans hésitation à ces deux questions alors achetez-le, c'est un vote d'opinion. Si votre réponse est "c'est le moins pire que j'ai trouvé en fonction de mes possibilités (disponibilité/coût)" alors en l'achetant vous votez utile, comme vous l'avez sans doute souvent fait dans les urnes de la République. Si votre réponse c'est "je ne sais pas et je n'y attache pas d'importance dans l’immédiat" sachez que vous êtes abstentionniste. Mais ne le prenez pas comme un jugement de valeur, je le suis moi-même souvent. Parce que ce n'est pas facile de voter à chaque objet mis dans son panier de course c'est certain et déjà le faire une fois sur deux, une fois sur trois, est un score dont on peut être fier.

mercredi 26 mars 2014

Un soir d'anniversaire

Lundi, c'était l'anniversaire d'Amaël. D'habitude j'essaye de prendre un congé pour que nous le passions ensemble mais cette année, mariage oblige, je n'ai pu prendre de jour ni pour son anniversaire, ni pour le mien. Cela dit nous avions quand même réservé notre soirée afin de la passer ensemble et d'en faire quelque chose d'un peu particulier. Nous avons donc commencé par un passage dans une parfumerie pour que je puisse lui acheter son cadeau. En effet, sachant son parfum en fin de course, je voulais lui en offrir un nouveau et, l'ancien n'étant plus produit (il s'agissait de Tokyo de Kenzo), ne me voyais pas en choisir un nouveau sans lui. Après avoir mis le grapin sur un vendeur, lui avoir expliqué les goûts de monsieur et avoir senti plusieurs parfums pas tout à fait convaincants, notre choix s'est finalement porté sur Jazz d'Yves Saint Laurent, un parfum qui plait et va à Amaël mais dont le vendeur l'a tellement aspergé (et par ricochet m'a aspergé également puisque je me tenais dans son champ d'action) qu'il nous a décidé à nous rendre à pied au restaurant en espérant que l'air frais du dehors attenuerait un peu l'odeur (la bonne nouvelle c'est que si Amaël ne s'est pas lassé de ce parfum sur le coup, c'est qu'il ne s'en lassera sans doute jamais).


Trois quart d'heure de marche plus tard, nous sommes donc arrivés pile à l'heure à L'Aumônière de Bacchus où j'avais réservé une table sur le conseil d'une collègue qui me le certifiait testé et appprouvé. Quasi vide à notre arrivée, le restaurant s'est rapidement rempli, perdant ainsi un peu de l'ambiance lounge induite autant par la déco et les meubles gris neutres que par la musique jazzy en fond sonore, au profit d'une atmosphère un peu plus animée mais pas désagréable. Je ne me rappelle plus de l'intitulé de mon entrée mais il s'agissait d'une histoire d'avocat, de crabe et de citron dont le résultat s'est avéré très bon. Amaël a, de son coté, opté pour le foie gras mi-cuit, un classique apparemment bien réussi. Côté plat, du canard aux 5 épices pour moi et un cheesburger pour lui. C'est là qu'il faut que je vous parle de ce qui a fait de mon plat un délice et qui n'est étrangement pas son goût même s'il accusait un sans faute sur ce point. La réelle réussite de mon plat, c'était le mariage de ses matières : la viande de canard, par nature plutôt dense, servie avec un écrasé de pomme de terre à la texture proprement aérienne et un quartier de pomme mariné au vin fondant à souhait. Un mariage idéal pour peu qu'on soit un peu sensible aux textures de la nourriture (et c'est mon cas, je vous parlerai un jour de mon aversion pour le "mou"). Notre repas s'est arrêté là puisque le roi de la journée n'avait plus assez faim pour partager un dessert et moi plus non plus pour en prendre un seule.
Au niveau de l’addition j'avoue l'avoir trouvée un peu salée pour ce que c’était, car quand bien même la cuisine était bonne, elle ne l'était pas tout à fait à ce point. Heureusement, après que la réduction due à la réservation effectuée via La Fourchette ai été appliquée, le résultat a fini par s'avérer carrément bon marché. 

L'aumônière de Bacchus
40 rue de Montreuil
75011 Paris

mardi 25 mars 2014

Un second stage de chant traditionnel


Il y a bien longtemps, je vous avais parlé de mon premier stage de chant traditionnel, effectué sous la houlette de Robert Bouthillier. Si je n'en avais pas suivi d'autre depuis, ça avait surtout été par manque de possibilité, ayant malheureusement raté les rares occasions qui s'étaient présentées dans ce domaine. Mais, ça y est, je viens d'assister à mon second stage !
Le week-end du 15 mars, Je me suis à nouveau rendue en Champagne, à l'initiative de l'association "Le Jardin de Fol" pour assister à deux jours de stage donnés par Catherine Perrier. La dame en question est une mine d'information dans le domaine, aussi bavarde qu'elle est précise. J'ai donc à nouveau appris plein de chansons, ainsi que leurs provenances et les conditions de leurs collectages, dont beaucoup effectués par Catherine elle-même. Mais ce stage s'est tout de même révélé très différent du précédent. Cette fois-ci, par exemple, nous avons étudié pas mal de chants "à mener et danser". Nous avons donc dansé les airs tout en les apprenant car les deux sont intimement liés, la moindre erreur rythmique dans le chant rendant de fait la danse impraticable. J'ai donc appris les pas de la Grand'danse, ainsi que du Rond de l'île d'yeu et du Branle gay que je ne connaissaient pas, et révisé ceux de la Ronde à 3 pas du pays de Caux, du Pilé menu et du Tricot (Hanter-dro/Andro).
Une autre différence importante entre les deux stages est venue de la capacité assez impressionnante qu'a Catherine Perrier de renvoyer avec facilité chacun dans sa zone d'inconfort. Je m'explique. Quand on chante depuis longtemps (ce qui est mon cas) il y a un certain nombre de choses sur lesquelles on ne se pose plus de questions, sur lesquelles on fait confiance aux réflexes acquis à force de pratique. Pour certaines c'est une plutôt bonne chose (la technique de respiration par exemple), pour d'autres par contre, cela peut s'avérer plutôt contre-productif. C'est notamment le cas de tout ce qui concerne l'interprétation. Dans ce domaine, tous les réflexes que l'on peut acquérir, toutes les "systématisation" sont en effet à proscrire, afin de permettre à chaque chanson d'être considérée comme unique et traitée comme telle, car ce n'est qu'à ce prix qu'on pourra en donner la meilleure interprétation possible. C'est pour cette raison qu'il est nécessaire d'avoir régulièrement quelqu'un qui vous titille, vous amène à prendre du recul sur votre façon de chanter et à remettre en cause vos choix d'interprétations afin qu'il demeurent de vrais choix et non des réflexes conditionnés par l'habitude. Et j'ai pu constater durant ce week-end que voila un rôle dans lequel Catherine Perrier excelle.

jeudi 20 mars 2014

Oldelaf en concert

Vendredi soir, j'ai consommé mon cadeau de Noël dernier. En effet Amaël m'a offert pour l'occasion une place pour un concert d'Oldelaf, charge à moi de choisir la date et la salle. Comme je préfère les petites salles, j'ai cherché une autre date que celle du Zénith en Novembre. Heureusement, bien que bien plus connu depuis 1 ou 2 ans, l'artiste n'a pas renoncé à son habitude de parcourir toutes les petites salles de France et il était donc en concert au Rack'am à Bretigny-sur-orge le 15 mars. C'est donc là que nous sommes allés le voir.
Public de petite salle = public familial : des enfants, des abonnés et une ambiance plutôt détendue et curieuse.
Ben Mazué qui assurait la première partie du concert, à été ma fois plutôt convainquant. Il a réussi avec brio à s'adapter à un public venu pour un autre sans pour autant sacrifier son style (sa transformation de "la Tristitude" en "la Cute-itude" reste un de mes bons souvenirs de la soirée).
Par la suite, ne pouvant apercevoir la scène que par dessus l'épaule de mon très grand voisin de devant, j'ai béni les cours de danse pris depuis 10 mois qui me permettent de tenir bien plus longtemps qu'avant en extension sur mes demi-pointes de pied, aussi bien que la proportion d'Oldelaf à rebondir sur scène toutes les dix minutes environ. Concert oblige, c'est plutôt un condensé de chansons rythmés qui nous ont été servies, avec bien sûr une grande proportion de chansons du nouvel album, mais pas que puisqu'à défaut des Hippopotames, nous avons eu le droit à Nathalie ainsi qu'à un medley "sentimental" regroupant une bonne partie des "vieilles" chansons "à prénom féminin" d'Oldelaf sous le prétexte que chacune de ses histoires d'amour l'a inspiré. Dans les interludes nous avons appris comment changer un chien en n'importe quel animal avec de la peinture et un tuyau de PVC (non vous ne voulez pas savoir) et aussi comment Michel Sadrou se débarrasse d'un batteur encombrant (si si), entre autres...
Bref de la bonne musique, des blagues d'un humour aussi bancal que drolatique, de l'énergie à revendre et un final acoustique au milieu d'un public assis par terre, que demander de plus ?
Ah si je sais : Encore !

mardi 18 mars 2014

Ciné Léon #3

Le premier vendredi de mars je me suis rendue au Ciné Léon pour la 4ème fois (si vous avez suivi, je vous ai parlé de la 1ère et de la 2nde, pas de la 3ème par manque de temps/d'envie).
Cette édition présentait deux films de la réalisatrice Anne-Marie Lallement. Le seul point commun de ces deux moyens métrages, que 37 années séparent est de donner la paroles à des femmes nées en Algérie.
Dans le premier film, il s'agit de Malika, une actrice et poétesse arrivée en France enfant et à la vie de laquelle la caméra semble littéralement s'accrocher. Un parti pris biographique qui surprend au premier abord puis prend tout son sens au regard de la fascinante personnalité de son sujet. Malika, vous l'avez peut-être croisée quelque part dans Paris si vous y sortez un peu. Personnellement je l'avais aperçue au cinéma en plein air de la Villette, avançant de son pas tranquille entre les spectateurs affalés et proposant à chaque petit groupe de lui offrir un poème. Je l'avais pris pour une vieille folle à l'époque, elle m'avait fait peur et j'avais refusé, comme beaucoup d'autres sans doute. En la rencontrant à la projection du ciné Léon, j'ai à la fois compris que j'avais eu tord de dire non et eu droit à une séance de rattrapage accéléré. Des poèmes qui parlent de la condition de la femme et de celle d'étrangère, autant ici que là où elle est née, de la fierté de ses origines culturelles autant que de celle du chemin parcouru vers une modernité qui sort de ces traditions, Malika nous en a abreuvé. Très (trop ?) bavarde mais tellement intéressante.
Dans le second film, c'est n'est pas à une femme que la réalisatrice s'attache mais à sept. Sept soeurs vivant dans le même appartement d'Alger, avec toutes une vie professionnelle brillante (avocate, cardiologue...) et qui sont encore célibataires à plus de 40 ans. On comprends qu'il s'agit là plus ou moins d'une injonction de leur mère, plaçant d'abord les études, puis le logement et ensuite seulement le mariage dans l'ordre de leurs priorités. Du fond de leur appartement, elles discutent de leur situation et de celle du pays, de l'évolution de la place des femmes, de l'intérêt, ou non, du mariage et de tout les autres sujets qui les touchent de près ou de loin avec pas mal de lucidité et de recul.
Deux documentaires bien choisi et touchant donc, sans doute en grande parti parce qu'ils s'attachent aux pas de personnages intelligents, subtils, sincères et volontaires, observant avec un respect et une affection contagieuses ces caractères plus grand que nature.

jeudi 13 mars 2014

La mercerie de Charonne


Jusqu'à récemment, un peu comme tout le monde je pense, quand j'allais acheter du tissus du côté du Marché St Pierre, je me rendais ensuite directement à la mercerie Moline qui à l'avantage d'être juste à côté. Là, mon tissus sous le bras, je fendais courageusement la foule du samedi pour trouver le fil idéal et acheter ma petite bobine de fil DMC, 100 ou 200 m de fil pour 3/4 euros, souvent pile poil de quoi mener mon projet du moment à bien. Le problème c'est que, comme beaucoup de personnes, je flashe souvent sur les mêmes couleurs de tissus. Il y a donc des fois où, plutôt que d'acheter une 28ème petite bobine de fil bordeaux, j'aurais aimé pouvoir en acheter une géante, sans me ruiner trop, vu que de toute façon, j'étais sûre d'en avoir l'usage.
Et puis un jour, j'ai eu besoin de fil sans avoir besoin de tissu. N'ayant pas très envie de me trainer jusqu'au nord de paris alors que je vis en banlieue sud et travaille plutôt dans le centre, je me suis mise en quête d'une mercerie pas loin de mon travail (à côté de chez moi c'est choux blanc, il y en avait bien une... qui a fermé six mois après mon emménagement, la poisse) et je suis tombée sur la Mercerie de Charonne qui propose des bobines de fil bien plus longues, pour bien moins cher (1,05 euros la bobine de 1000 m, qui dit mieux ?). Certes il y a moins de couleurs que dans la gamme DMC mais jusqu'ici j'ai toujours trouvé celle qui me convenait (toujours amener un bout du tissus concerné mais je ne vous apprends rien je pense). De plus, outre le prix avantageux, j'ai eu la satisfaction de découvrir une petite structure avec un personnel disponible et un effort de tracabilité des produits plutôt rare et bienvenu. Une adresse que je conseille donc sans hésitation aux couturières de Paris.

Mercerie de Charonne
69 rue de Charonne
75011 Paris

mercredi 12 mars 2014

La singulière tristesse du gâteau au citron

Une fois n'est pas coutume, aujourd'hui je vais vous parler d'un livre pour en dire du mal. Reçu dans le cadre de la "ronde des poches", un swap littéraire minimaliste (chacun n'envoyant d'un seul et unique livre de poche) organisé par Armalite, ce roman avait pourtant tout pour me plaire à première vue, à commencer par un pitch original et intrigant. Jugez plutôt.
En mangeant une part du gâteau d'anniversaire de ses neuf ans, la jeune Rose découvre que son sens du goût s'est développé de façon stupéfiante. En effet, en plus des sensations habituelles, elle peut dorénavant "goûter" l'humeur et les sentiments des personnes ayant préparé les plats qu'elle déguste. Son gâteau d'anniversaire a donc goût de citron, de chocolat, mais plus encore du vide par lequel s'exprime la profonde dépression de sa mère.
Plutôt alléchant vous en conviendrez (c'est d'ailleurs le cas de le dire) et pourtant je n'ai pas aimé ce livre, je m'y suis même ennuyé et j'ai du me faire violence pour le lire jusqu'au bout. En y réfléchissant un peu la raison m'est apparu assez évidente, je n'aime pas le personnage principal et ses réactions me sont incompréhensibles. Jamais au grand jamais je n'aurai réagi comme elle a un tel "don/malédiction" inattendu/e, et ce, même aussi jeune. En effet, dés qu'elle comprends ce qui lui arrive, notre héroïne n'a plus qu'un seul but, éviter le plus possible les nourritures cuisinées par les humains, au profit de celles "usinées" et... rien. C'est quasiment la seule réaction à ce qui lui arrive dont elle fera preuve au cours du roman, avec celle, instinctive, de cacher sa particularité à ses proches. J'ai rarement vu un personnage aussi absent de sa vie, et dont la seule ambition semble être de se laisser porter par le flot. Pourtant il y aurait eu des tas de façon différentes de réagir, ne serai-ce que celle d'apprendre à cuisiner soit-même pour ne pas s'introduire systématiquement dans l'intimité des autres ou bien celle de tenter d'agir à son échelle sur les sentiments des gens, de les faire aller mieux puisqu'on n'ignore plus rien de leur mal-être. Mais non, Rose préfère les faux-semblants et les caches-misère qui lui permettent de vivre au plus proche du banal plutôt que de tenter d'utiliser son "don" d'une façon ou d'une autre. C'est un choix et l'évolution du personnage partant de ce postulat suit un chemin logique et cohérent, simplement je n'ai pas pu m'empêcher de me dire, au fur et à mesure des pages, que l'auteur passait à côté d'une possibilité de récit bien plus passionnante en choisissant cette direction et ça m'a gâché ma lecture.

"J'avalais de grandes quantités de nourriture et d'émotions. J'avais mes préférences - des familles qui venaient de loin et dont les plats étaient imprégnés des tourments du voyage."

vendredi 7 mars 2014

Jane Eyre (version 2011)

Il existe de très très nombreuses adaptations cinématographiques du récit majeur de Charlotte Brontë. Mais c'est de la dernière, qui est également ma préférée dont je vais vous parler aujourd'hui. Parce que, tout comme pour Akira, je pense qu'on est ici face à une adaptation particulièrement réussie. Pour vous en convaincre je vous conseille de lire le livre avant ou après avoir vu le film (si vous êtes vierge des deux je vous conseille plutôt de lire le livre en second). La bonne nouvelle c'est que le texte est libre de droit et que vous pourrez donc le trouver vraiment pas cher dans le commerce, ou sur même directement sur wikisource (ici) si lire sur écran ne vous dérange pas.
Jane Eyre est orpheline, recueilli un temps par son oncle, elle ne tarde pas à être placé dans une institution charitable, après la mort de celui-ci, par sa tante qui la déteste. Là elle apprendra l'injustice de la vie tout autant que le Français et le dessin et se trouvera, à 18 ans, prête à prendre une place de gouvernante au sein de Thornfield Hall.
Le roman possède beaucoup de points forts, l'écriture de Charlotte Brontë fait beaucoup, à la fois emphatique et souvent emprunte d'une distance ironique, mais ce sont surtout les personnalités des personnages, et notamment des deux personnages principaux, Jane et M. Rochester, qui expliquent sans doute le succès du roman encore aujourd'hui. Notre héroïne est en effet à la fois une survivante et une vrai romantique, capable de résister aux pires injustices qui lui tombent dessus, elle ne les considère jamais comme "normales", ne s'y résigne jamais et, si elle cache sa passion derrière une apparente résignation imposée par les conventions sociale, celle-ci fini toujours par ressortir. Jane n'acceptera jamais qu'on lui impose quelque chose qui est contraire à ses sentiments, considérant que son insignifiance (sociale ou esthétique) n'est pas une excuse pour se laisser piétiner. Une vrai héroïne donc, mais qui se dissimule en permanence et dont montrer le caractère sans narration interne ou voix off est une vrai gageure. Il en est de même pour M. Rochester, incarnant le parfait contrepoint à Jane de par ses colères et son humour acide qui cachent mal un être presque brisé mais oh combien sensible et extravagant.
Une adaptation cinématographique ne respectant pas l'essence de ces deux personnages est donc évidemment voué à devenir une adaptation raté et j'avoue que lorsque j'ai su quels acteurs allaient les jouer (Michael Fassbender et Mia Wasikowska) j'en ai eu des sueurs froides. Pourquoi ? parce qu'ils sont tout les deux bien trop beaux pour leurs rôles. Nos deux personnages principaux ne sont en effet pas sensés être des gravures de mode, Jane étant décrit comme, au mieux banale, au pire maladive et M. Rochester, sans être décrit comme laid, semble posséder un visage dur et sombre, pas particulièrement attrayant. Heureusement ma peur n'était pas fondée, les acteurs étant ici rendus aussi ordinaires que possible, leur physique s'effaçant au profit de leur personnalité et des émotions qui les traversent et perdant rapidement son importance tout comme c'est le cas dans le livre. Un jeu d'acteur à la hauteur du roman donc, et une des plus belles réussite du film.
Un autre point fort réside dans l'ambiance mise en place tout au long du film, notamment à l'aide de la lumière. Ainsi les scènes d'intérieur, uniquement éclairées au feu et à la bougie, et les scènes d'extérieur, plongées dans la brume et la lumière froide, créent, par leur combinaison, une ambiance de roman gothique (genre contemporain à l'écriture de Jane Eyre mais dont il celui-ci ne fait pas parti) qui, loin d'aller à l'encontre du matériaux d'origine, vient donner chair et corps aux angoisses diffuses notre héroïne.
En conclusion, bien que certaines scènes importantes du livre soient absentes, l'essence de ce qui fait son intérêt est bien présent dans le film, donnant une impression de fidélité au matériaux d'origine et de compréhension de celui-ci d'autant plus bienvenue qu'elle est malheureusement trop rare dans le domaine des adaptations cinématographique.

PS : Si vous aimez l'histoire de Jane Eyre tout support confondu comme c'est mon cas, je vous conseille fortement de lire L'Affaire Jane Eyre, de Jasper Fforde, qui, en plus de lui rendre hommage de façon complètement délirante, est également un très bon roman.

lundi 3 mars 2014

Un jour

Il y a peu, je me suis fait opérer des dents de sagesse et, post opération, au fond de mon lit et un pain de glace sur la joue, je me suis distraite en regardant quelques films.
Parmi eux, Un Jour. Film sorti en 2011 qui, si son affiche clame qu'il est une comédie romantique, s'avère en fait être un peu plus que ça. Adapté du roman du même nom écrit par David Nicholls, Un Jour suit l'histoire d'Emma et de Dexter en faisant usage d'un dispositif narratif audacieux. En effet, on ne verra d'eux que le 15 juillet de chacune de leurs années. Des 364 autres jours, on n'aura que la possibilité de deviner la substance sans jamais rien en voir. Qu'ils passent cette journée ensemble ou séparément, nous les suivront donc d'année en année sur plus de vingts ans en commençant par le début de leur relation, lorsqu'au sortir de la fac, ils vivrons ensemble une nuit où ils se raterons amoureusement mais se trouverons amicalement. Dés lors leurs déboires sentimentaux, familiaux et professionnels émaillerons le film de couleurs diverses et variées. Souvent sombre, parfois décourageant, ce film voit pourtant percer ici et là des éclats de bonheurs qui racontent la douceur de vivre et le ciel bleu. Je l'ai beaucoup aimé car j'ai trouvé frais et sincère. Il ne nous vends pas le bonheur en boite, ne nous fait pas de promesse irréalistes mais nous montre des personnages qui se construisent et s'égarent, galèrent et s'amusent, se lancent pour parfois se rater, parfois réussir, bref se comportent en êtres humains. Imparfaits. Sensibles.