jeudi 8 décembre 2016

La vie pas à pas 2016 #43 - jour 2

Samedi 22 octobre
Là il faut que j'explique un peu. Ce week-end nous avons la chance de participer à un voyage de sensibilisation organisé par la fondation financée par l'entreprise dans laquelle travaille notre amie Hiromi (qui est la responsable de l'action sur place d'ailleurs). Nous nous rendons donc à Minami Sanriku, une ville côtière touchée de plein fouet par le tsunami de 2011 et qui est aujourd'hui en reconstruction. On descend un peu avant l'heure mais la moitié des passagers sont déjà dans le bus. Le petit dej c'est bento donc sandwich ou onigiri (je prends les onigiri bien entendu, et monMari les sandwich au tonkatsu) et bouteille de thé froid. Beaucoup dorment pendant nos deux heures de trajet mais moi je regarde le paysage. Il y a un peu d'animation dans le bus mais comme tout est en japonais j'avoue que je ne comprends que couic. A l'arrivée on nous distribue des t-shirt, polo et casquettes aux couleurs de la fondation et on nous installe dans ce qui ressemble fortement à une salle de classe, au cœur du centre où nous logerons et dont le but est semble-t-il d'accueillir les visiteurs de notre acabit (nous avons croisé un autre bus avec des gens aux t-shirt tous pareil qui partaient quand nous arrivions, preuve que Lendlease n'est pas la seule entreprise ayant une fondation de soutien pour la ville). La personne responsable du centre d'accueil nous donne des infos sur l'ampleur et l'impact du tsunami sur la cote en générale et sur la ville en particulier (Hiromi s'est mise à coté de nous pour nous traduire en anglais). Les chiffres sont malheureusement impressionnant. La vague a atteint ici 20,50 m de haut, passant sans être le moins du monde ralentie la digue de 6m érigée après le dernier raz-de-marée important (consécutif au tremblement de terre du chili en 1960, il n'a atteint "que" 6 m de haut, d’où la taille du mur), les trois quart de la ville ont été touché, entrainant la mort et la disparition de plus de 900 personnes sur une population de 17000 habitants et délogeant une grande partie des survivant qui on vu leurs maisons et bien souvent leurs moyens de subsistance détruits. La séance fini par une vidéo, heureusement sous-titrée en anglais, alternant les interview de survivant avec les visions de la destruction et des initiatives prises pour la reconstruction. Le plus impressionnant de la vidéo est sans doute la vision de la vague elle-même entrant dans la ville, emportant les maisons comme des brins de paille et pourchassant un bus qui grimpe de son mieux à flan de colline sous les encouragement de la personne qui filme. Autant dire que l'on sort de là choqué (voila à quoi ça ressemble (ce n'est pas celle que nous avons vu par contre)). Avant de partir pour la suite des activités il est temps de faire un jeu de présentation. Sans parler, nous devons communiquer suffisamment pour nous mettre en cercle dans l'ordre de nos dates de naissance (mois et jour). Je découvre donc que les japonais font des signes de mains un peu différents des nôtres pour les chiffres (mais ça reste compréhensible). Comme je suis apparemment la seule en avril ce n'est pas trop dur pour moi. monMari qui doit lui gérer avec les jours y arrive aussi. Une fois bien placé chacun se présente. L'occasion pour moi d'utiliser les trois mots de japonais que je connais. Le tour est long car nous sommes assez nombreux et c'est tout en japonais mais je saisi au moins les noms. Ensuite direction le bus pour un tour de la ville guidé par un survivant du tsunami, capitaine des pompiers au moment de la catastrophe. Là encore c'est tout en japonais mais il y a une vidéo et, Hiromi nous traduit une partie des choses. A l’arrêt sur différents site ils nous montrent des photos des endroits au moment de la catastrophe ce qui nous permet de comparer avec l’état actuel, de nombreux endroits on été remis en état mais, 5 ans après, la ville est encore en travaux avec des pelleteuses partout. Après renseignements il s’avère que les autorités ont décidé de rehausser la partie inondée de la ville de 10 mètres. Oui, vous avez bien compris, ils amènent de la terre pour surélever la ville, je vous laisse calculer le nombre de pelletées de terre si ça vous amuse mais oui ça donne un peu le vertige (et rien d’étonnant à ce que cela ne soit pas fini). Et comme surélever de 10 mètres, lorsque la vague faisait 20,5 mètres ça ne suffira pas, la partie surélevée ne comportera aucun bâtiment d'habitation. Des équipements, un centre commercial et un parc commémoratif mais personne n'aura le droit de passer la nuit sur la zone. Entre autres lieux nous passons devant l'emplacement d'une école qui fut balayée, les élevés sauvés parce que le directeur plutôt qu’évacuer au second étage du bâtiment comme préconisé a emmené ses élevés jusqu'au sanctuaire placé sur une colline juste derrière l’école. Il y a aussi ce lycée, situé bien en hauteur et où pourtant des élevés ont été emportés, la vague arrivant derrière eux par un replis du terrain, tout juste remis en état, le gymnase comporte encore des traces de couleurs différentes là où des débris de maison flottantes ont éventré le bâtiment. Et il y a finalement le reste de métal tordu du bâtiment de prévention des risques sismiques dans lequel toutes les personnes occupées à superviser l’évacuation et à centraliser les informations ont travaillé pour sauver des vies jusqu’à oublier de sauver la leur. N'ayant pas évacué, seuls une dizaine d'entre eux ont survécu en s'accrochant à la structure métallique de l'immeuble que l'on observe tordue sous la force de la vague. Un petit autel situé prés du point d'observation leur rend hommage et un débat a lieu en ce moment même pour décider si le bâtiment sera gardé en tant que mémorial dans le parc en hommage aux victimes ou s'il sera ôté pour permettre aux familles de faire plus facilement leur deuil.

Avant / Après

Malgrés les 5 ans passés, tous les vestiges n'ont pas encore été déblayés.



Partout, le sol est marqué des traces de chenilles des instruments de la reconstruction.




Voila tout ce qu'il reste de l'entrée d'une maison, la plaque marquant à l'entrée le nom de ses habitants.

La vie à repris dans la zone, ici, le riz est récolté et mis à sécher.


La "visite" se fini par notre arrivée au centre commercial temporaire en préfabriqué mis en place dans l'espace laissé vide par la vague. On prends une photos de groupe puis on est libre pour le déjeuner. Pour moi ce sera un gros bol de ramen. Je voulais acheter du sake mais le temps file à la vitesse de l'éclair et il faut déjà reprendre le bus pour notre étape suivante, ce sera la visite d'une exploitation forestière.


Le projet de reconstruction.



On commence par nous équiper : masques, casques, lunettes, gant et gilet réfléchissant, il commence a être compliqué de distinguer qui est qui. Le long discours en japonais de l'exploitant semble finir par lasser les japonais eux-mêmes, comme de toute manière c'est forcement obscur pour moi (Hiromi nous expliquera qu'il à beaucoup parlé de la nécessité de protéger la nature, mais surtout qu'il s'est beaucoup répété, d’où l’ennui manifeste des autres assistants). Je ne m'intérresse qu'aà la partie ou il montre comment on va couper des arbres, là il y a des gestes : une coupe droite, puis en biais pour dégager un triangle, puis une droite de l'autre coté et on pousse. Ensuite on nous distribue chacun une petite scie et tout le monde grimpe sur la montagne, le chemin est escarpé et haut et ma respiration sous le masque fait monter de la buée dans mes lunettes (c'est peut être nécessaire toutes ces protections mais ce n'est pas bien pratique). Arrivé dans les hauteurs on nous attribue un arbre chacun qu'il nous faudra abattre et débiter. Heureusement que le bois n'est pas dur car nos scies ont l'air de jouets. J'arrive à couper et débiter le mien avec un peu d'aide mais je suis en nage, et je fini par enlever mes lunettes car avec la buée je n'y vois rien. Sur l'arbre d'un des bénévole qui refuse de s'abattre car retenu à sa cime par les arbres voisins, un des employés de l'exploitation utilise une bonne vieille tronçonneuse, oui je me disais bien qu'ils ne bossent pas au quotidien avec ces petites scies-jouet.




À la fin de l'activité le soleil commence à baisser et la température à se rafraichir. Photo de groupe en tenue bien sur, puis on reprend le bus pour visiter une usine de bio-gaz. A Minami Sanrikhu on trie en effet les déchets organiques à part depuis la reconstruction. Ceux-ci sont amenés dans cette usine et traités en compost dont on tire de l'engrais, de la terre et des gaz avec lesquels on fait tourner des turbines pour produire de l’électricité. Rien de très innovant la dedans (même si c'est cool quoi qu'il arrive) sauf qu'on dirait qu'il est très important de justifier le pourquoi de l'existence de cette usine. Si j'ai bien compris, le fait qu'elle ne produit de l’électricité que pour 60 foyers (c'est déjà pas mal non ?) fait qu'elle serait considérée comme une dépense inutile aux yeux de beaucoup de japonais, il semble du coup très important de souligner que "oui mais ça ne coute pas grand chose et on supprime les déchets en même temps" pour justifier son existence et convaincre le public du bienfait de la chose (bon moi j’étais déjà convaincue de toute façon). Après une visite complète des installations et des explications (en japonais) de comment ça marche, nous reprenons le bus vers une autre activité, la dernière de la journée (et profitons d'un tour de la ville au soleil couchant). Cette fois-ci nous voici chez Yes Factory une entreprise de création d'objet locale pour un atelier d'activité manuelle. Après une petite vidéo présentant la boite (qui est derrière toutes les petites pieuvres mignonnes que l'on croise partout depuis qu'on est arrivé) on nous explique qu'il y a devant nous un kit pour que chacun d'entre nous puisse se fabriquer ses propres baguettes en les taillant dans le bois (du bois de cyprès comme celui que nous avons coupé dans la foret tout à l'heure justement).



Forcement je suis très enthousiaste et je commence sans perdre un instant. Heureusement pour moi un des employé qui se balade pour donner des conseils arrive rapidement vers moi pour me montrer une meilleure méthode que celle d'y aller comme une bourrine. Je ne vois pas filer les deux heures que l'on passe là et en plus je sors très contente du résultat. 

Avant

Après

Hiromi aussi est très concentrée.

À la boutique en sortant j’achète des baguettes aux embouts en forme de pieuvres mignonnes et une décoration de portable du même genre. Puis on rentre à pied au centre où l'on loge, qui est aussi l'endroit où l'on dort ce soir. On récupère nos chambres (qui sont grandes pour des chambres japonaises et qui exhalent une bonne odeur de bois) mais on n'a pas le temps de s'y poser car c'est l'heure de diner. Sur le plateau, du poisson sous toutes ses formes, des algues, du poulpe cru, du tofu, une soupe de légumes et... des huitres frites. Si tout est bon, il y a beaucoup et je ne mange pas tout. On goute la Kirin de saison, qui a des feuilles d’érable sur la bouteille (oui les japonais boivent beaucoup de bière). En sortant de table on va se poser dans la pièce "de repos" avec tatami en buvant des boissons bizarres de la machine à boissons alcoolisé. Au pamplemousse et au citron, c'est plutôt bon mais à 9° et avec la fatigue on est vite arrivé à parler fort et vite. On montre l'hanter-dro aux japonais de la salle (qui aiment). Les garçons vont se coucher et les filles vont profiter de la salle de bain commune. Au japon ça veut dire qu'il y a une baignoire taille petite piscine avec une eau très très chaude. On se lave bien consciencieusement aux douches prés de la baignoire et on s’immerge dans l'eau pour se détendre et discuter. C'est vraiment super pour conclure une belle journée (quand est-ce qu'on importe ça en France ?). Je rentre crevée et déshydratée dans la chambre et m'endors comme une masse.

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