mardi 8 décembre 2015

Marche ou crêve

Je ne suis pas sûre que ce soit tout à fait le bon timing pour vous parler de ma dernière lecture, mais après tout, il n'y a pas de mauvais moments pour les bons livres.
Je me suis donc attaquée à un roman très connu de Stephen King, mais aussi un des rares qui n'ai jamais été adaptés au cinéma, et pour cause...
Dans un avenir proche, au sein d'une société totalitaire, 100 jeunes hommes de 15 à 18 ans prennent le départ de "la grande marche". A une allure minimale de 6,5 km/h, ils marcherons jusqu’à ce qu'un seul d'entre tienne encore debout, tout abandon se soldant par une balle dans la tête. Celui qui tiendra le dernier, recevra "le prix", soit l'assurance de voir réaliser son plus grand souhait.
On assiste donc à un jeu de massacre annoncé dès le début, et on pense à Dix petits nègres ou à Battle Royale. Et pourtant l’atmosphère qui se dégage ici est très différente dans le sens ou l'enjeu annoncé d'entrée de jeu (le personnage principal survivra-t-il ?) perd de son importance au fur et à mesure que l'histoire progresse. Pas parce qu'on ne s'est pas attaché à lui mais plutôt à l'inverse parce qu'on se sent suffisamment proche de lui et de ses co-compétiteurs pour considérer une issue fatale comme un soulagement par rapport aux souffrances qu'il endurent. C'est finalement autant de la pitié que de l'admiration que l'on éprouve pour eux, quand on aurait pourtant pu ne les voir que comme des pions ou des idiots (après tout ils étaient volontaires pour la grande marche). Tout cela grâce à l’écriture de King, capable de brosser le portrait d'un personnage complexe et réaliste en quelques lignes seulement.
Lire ce roman, c'est comme étirer au maximum la lecture des dernières pages d'un volume que l'on aime, quand se mêlent la hâte de savoir le dénouement de l'intrigue et la tristesse de dire au revoir à des personnages auxquels on s'est attachés.

"Je n'ai pas poussé de cris de joie mais j'étais content. Vraiment content. Et confiant. [...] J'étais un phénomène. Pas assez malin pour comprendre que la femme-tronc de la foire en est un aussi."

Aucun commentaire: