mardi 3 mars 2015

Palais de Tokyo nouvelle version : expositions Takis et Le Bord des mondes

J'aime l'art contemporain.
Enfin pas tout, mais une bonne partie.
Étrangement ce n'est pas une position toujours facile à assumer.
Ce dont il faut se rendre compte c'est qu'il existe un mépris relativement global pour l'art contemporain. N'avez vous jamais entendu quelqu'un dire "à oui l'art comptant pour rien" (Ahahah, je me gausse) ou bien "ça de l'art ? ma petite sœur de 5 ans ferai mieux" ? Si ça ne vous est jamais arrivé c'est que vous devez vivre dans une grotte. D'un autre côté, les quelques personnes que je connais qui aiment l'art contemporain sont souvent un peu perchés, ou branchouilles, ce qui n'aide pas faire la publicité du genre. Ça fait donc un moment que je me dépatouille pour essayer de faire comprendre autour de moi pourquoi je pense qu'il faut être curieux de ce qui se fait, au delà de la classification péjorative qu'on en a développé, même si le monde de l'art est aujourd’hui tellement vaste qu'on ne peut bien sûr pas en apprécier la totalité. En cela je dois dire que je ne me sens aidée ni par les médias, qui sont soit "proches du peuple" et médisants, soit au contraire tellement snobs qu'ils encensent n'importe quoi, ni par les musées, qui soit ne présentent rien du genre, soit le font sans explications aucunes.
 

Dans mon souvenir le Palais de Tokyo faisait partie de la seconde catégorie. C'était un petit lieu, moitié squat, moitié musée, ultra branchouille, qui présentait des œuvres sans se donner la peine d'expliquer les démarches des artistes, ne donnant donc aucune clef à qui n'avait pas fait d'études d'art pour comprendre et apprécier celles-ci. Du coup lorsque mes beaux-parent m'ont proposés de s'y rendre samedi avant le théâtre, j'ai, sans succès, tenté de les en dissuader.
Sauf que c'est moi qui avait tort. Le palais n'est en effet plus du tout le même que celui de mes souvenirs, et ce apparemment depuis sa réouverture en 2012. Je suis donc très heureuse de vous annoncer que la ville de Paris possède dorénavant un vrai musée d'art contemporain, que je vais m'empresser de vous conseiller de visiter.
Première surprise à l'arrivée, il y a la queue et du monde à l'intérieur (oui avant 2012 le palais de Tokyo, c'était le musée vide par excellence).
Deuxième surprise, la surface intérieure à doublée, la raison : le sous-sol est utilisé.
Troisième surprise, c'est beaucoup plus "muséal", il y a des contrôleurs, des surveillants de salle en uniformes et la vente de billet ne prend plus place dans une guérite grillagée. Pour le coup, ça perd un peu de son charme, mais bon.
Quatrième surprise, il y a de vrais panneaux explicatifs expliquant la démarche des artistes et les replaçant dans leur contexte (et c'est là le gros gros plus de cette nouvelle version).

J'y ai vu deux exposition, une que je ne vous détaillerai pas parce qu'elle est sympas mais sans plus (et que cet article est déjà trop long et pas encore fini). Et une que je dois vous conseiller d'aller voir : Le bord des mondes.
Le principe de l'exposition ? Elle présente des œuvres qui n'ont pas été crées pour "être de l'art". Les hommes et femmes qui les ont produites ne se sentaient pas particulièrement artistes, n'avaient pas d'ambitions de ce genre. S'ils les ont crées, c'est pour répondre à un autre besoin, un besoin plus profond, plus personnel, que ce soit le besoin de liberté, de classification, de recherche, ou d'équilibre mental. Par conséquent, toutes les œuvres ici présentées ont un sens bien plus profond que ce à quoi l'art nous à habitué, et en cela elles sont, selon moi, accessibles au plus grand nombre.
Enfin un art contemporain qui peut tous nous toucher, et faire comprendre au public que non, l'art n'est ni une bulle réservé aux musées, ni un marché sur lequel circulent des sommes abominables pour des tableaux peint avec les pieds. L'art est un besoin de l'homme, et l'art contemporain ce n'est rien d'autre que celui qui se fait aujourd'hui et qui donc répond aux problématiques d'aujourd'hui. Ça n'a par conséquent rien d'un hasard si certaines des œuvres présentés dans cette exposition sont déjà célèbres sur internet, média de notre époque par excellence.
Donc intéressés ou pas par l'art contemporain à la base, courez voir cette exposition, c'est un conseil d'amie.

Un chidogu de Kenji Kawakami : le parapluie de chaussures

 La carte imaginaire du monde de Jerry Gretzinger

 Les évadés de savons de Jesse Krimes

Les photographies au microscope de Rose-Lynn Fisher


Le bord des monde
Palais de Tokyo
13 av. du Président Wilson - Paris 16
Jusqu'au 17 mai 2015

2 commentaires:

Little Red a dit…

Je ne suis pas allée au palais de Tokyo depuis longtemps mais je suis un peu déçue d'apprendre ce changement en fait. J'ai toujours aimé le style décalé de ce musée et les choix un peu allumés des commissaires d'expo de ce musée. Des musées-galerie guindés, il y'en a des tas. J'aimais m'y promener et découvrir avec mes sens et non avec rationalité. Pas pour la culture mais pour le plaisir. Après, je correspond au profil que tu décris : ex-étudiante aux Beaux-Arts. Mais peut-être que la nouvelle version me plairait aussi.

ioionette a dit…

Je ne pense pas que cela enlève le plaisir en fait (le plaisir il est dans l'art en lui-même, pas dans le manque d'explication). Moi aussi j'ai été un peu déçue au début, car c'est vrai que le lieu avait quelque chose d'expérimental qui le rendait sympas. Mais clairement on manquait aussi d'un vrai musée d'art contemporain sur Paris (et c'est loin d'être devenu guindé tout de même, c'est juste plus "muséal"). Là du coup je sais que j'y retournerai sans doute plus souvent, notamment parce que je n'aurai pas de scrupule à y trainer la partie de mes amis qui n'a pas fait d'étude d'art.