vendredi 18 avril 2014

Marie des brebis

J'ai, dans ma bibliothèque, des livres que je n'ai pas encore lu, récupérés d'untel ou d'un autre pour leur éviter de finir leur vie à la poubelle, ils forment un tas dans lequel je pioche de temps en temps, lorsque je n'ai pas d'autres idées de lecture. C'est ainsi que je suis tombée sur Marie des Brebis, un livre paru en 1989, écrit par Christian Signol. La couverture et le titre clament qu'il s'agit là d'un "roman de terroir", genre dans lequel je ne m'étais jamais risquée car il reste pour moi associé a l'idée d'une littérature "de vieux". Comprenez-moi, c'est le style de livre qu'affectionne ma grand-mère, ça donne quelques préjugés.
Ce roman nous raconte la vie de Marie, depuis le jour où on la trouva abandonnée tout bébé sur les pentes du Causse de Gramat en 1901, jusqu'au moment de la narration. On comprend assez vite que c'est Marie elle-même qui nous fait part de son histoire et qu'elle le fait aux dernières heures de sa vie. Le récit est donc ponctué par des "c'était mieux avant" typiques d'une vieille dame qui je vous l'avoue, m'ont prodigieusement agacée au début de ma lecture. Et puis, plus on avance dans la lecture, plus on voit le monde dans lequel elle est née qui se délite autour d'elle, ses enfants qui partent en ville, les foires qui disparaissent, la modernité qui vide les villages de leurs habitants, et moins on lui en veut de ses regrets. En suivant son parcours à travers les ans on fini par comprendre cette lassitude du monde actuel qu'elle ressent, parce qu'on comprends l'amour qu'elle éprouvait pour sa vie d'avant, malgré ses difficultés et sa frugalité. Marie est aussi attachante parce qu'elle prend ce qui est bon à prendre à chaque instant de sa vie, elle a donc beau nous dire qu'elle a connu bien des malheurs, elle conserve une espèce d'acceptation des choses telles qu'elles sont qui l'amène à prendre le meilleur du peu qui lui est donné et à essayer de comprendre au moins un peu ce qui lui semble au prime abord agressivement nouveau.
Mais, même si Marie est attachante, le personnage principal du livre ce n'est pas elle, c'est la région du Quercy, celle-la même que notre héroïne aime plus que tout et qu'elle observe et décrit en permanence, on n'est pas dans un "roman de terroir" pour rien. L'observation fine que fait Marie de la nature qui l'entoure m'a d'ailleurs touchée parce que c'est ce que dont j'ai l'impression de m'être rapprochée ces temps-ci, grâce au projet 12x2, avec lequel j'ai commencé à apprendre à m'arrêter un peu de courir pour contempler les choses.
Plutôt une bonne surprise donc que ce livre. Je ne sais pas si je lirai d'autres "roman de terroir" mais en tout cas celui-ci à fait beaucoup pour réhabiliter le genre dans mon classement littéraire personnel.

"Je regardais la chélidoine, les chardons bénis, les boutons-d'or pendant des heures, longtemps, très longtemps, jusqu'à comprendre ce qui se passe en eux et les aimer comme des êtres vivents. Tout simplement parce que j'avais besoin de vie pour rester vivante."

Aucun commentaire: