Vendredi dernier, c'était le premier concert de Tilak, un groupe formé sur l'idée de Florence Comment qui y chante et joue l'harmonium, accompagnée de Guillaume Barraud à la flûte bansuri, de Mosin Khan Kawa aux tablas et de moi-même pour la seconde voix et la tanpura. Comme vous l'aurez deviné au vu des différents instruments et si vous suivez un peu le blog, le répertoire du groupe trouve sa source dans la musique de l'Inde du nord. Néanmoins il ne s'agit pas non plus de musique hindoustani dans sa forme la plus classique car celle-ci, outre son exigeance absolue de performance, est une musique savante et qui reste assez imperméable pour les non-initiés. Impossible donc, ou en tout cas très difficile, d'amener tout un public à apprécier des morceau d'une longueur de 30 à 45 minutes et qui développent des mélodies pour laquelle la plupart des codes leurs manquent. Moi-même, qui commence à pratiquer la musique indienne depuis quand même quelques années, j'avoue sans honte avoir tendance à décrocher devant un concert de pur classique.
C'est donc à la fois par goût et par volonté d'adaptation à notre éventuel public que nous avons monté un répertoire de morceaux courts, format chanson, en allant piocher, à la fois dans la tradition indienne, avec des bhajan et des ghazal (ou thumri) et dans la musique, plus moderne, des films de Bollywood. Ces derniers demandent toutefois un travail d'adaptation conséquent, en effet, il est hors de question pour nous de les chanter à la hauteur vertigineuse qui est l’apanage de la plupart d'entre eux. Nous les redescendons donc à une tonalité plus confortable et les développons un peu à la manière classique, en nous basant sur le râga qui semble le plus correspondre à chacune des composition.
Le résultat final de ces choix s'avère donc être une musique qui a les pieds entre deux eaux et que Flo nomme "l'hindoustani french touch".
Avec une proposition musicale aussi atypique et même en étant sûr de la qualité technique de notre production, ce premier concert restait donc évidemment un gros challenge pour nous. Et en particulier pour moi sans doute, car contrairement aux trois autres membres, je ne suis pas musicienne professionnelle et ne pense pas en avoir le niveau. En conséquence de quoi j'ai beaucoup stressé et beaucoup travaillé sur le répertoire ces deux dernières semaines. J'ai l'impression, pendant 15 jours d'avoir mangé chant indien, dormi chant indien, marché chant indien... bref, de n'avoir fait et pensé que ça.
La première bonne nouvelle c'est que ce travail a suffisamment porté ses fruits pour que je ne me sente pas trop à la ramasse le jour J.
La seconde bonne nouvelle c'est que nous n'avons eu que des retours positifs sur le concert et que tous m'ont paru sincères. Ainsi, avec tout ce qu'elle a d'atypique, la musique de Tilak à plu et, à mon grand soulagement, je n'ai pas eu l'impression d'avoir laissé qui que ce soit sur le bord de la route, incapable de comprendre notre musique, mais plutôt d'avoir embarqué tout le public dans notre voyage.
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