vendredi 28 mars 2014

A voté !

 
Attention cet article n'a pas vocation à donner des leçons de vérité absolue, je ne suis ni historienne, ni sociologue, ni économiste et ne reposent ici que mes réflexions et observations personnelles.
La bonne nouvelle c'est que du coup vous n'êtes pas obligés d'être d'accord avec ce que je m’apprête à écrire.
La mauvaise c'est que je m'arracherai sans doute les cheveux en me relisant dans 6 mois. Sachant cela je promet d’être honnête et de conserver cet article sur le blog malgré tout.
Tout au long du 20ème siècle, on a vu s'affronter deux idéologies dominantes, le capitalisme et le socialisme (ou communisme mais je préfère utiliser le premier terme car le second est historiquement associé à des délires tyranniques assez éloignés de l'idée de base). Ce spectaculaire affrontement s'est achevé par la défaite du second dont les lambeau finissent d'agoniser en notre début de 21ème siècle. (Non la Chine et la Corée du Nord ne sont pas comptabilisables comme États communistes, ce sont des dictatures à prétexte et la Chine est bien plus capitaliste que la plupart des pays acceptant l’étiquette).
Bref le capitalisme a triomphé. Et si la France traverse aujourd'hui une crise politique (qui commence à durer parce qu'elle n'a clairement pas commencé avec les municipales 2014) c'est sans doute en grande partie parce que son modèle social a été majoritairement forgé sur la base d'une conception socialiste (le front populaire tout ça...) et s'avère dramatiquement incompatible avec un capitalisme libéral. Ainsi le gouvernement se débat avec des demi-mesures qui, à défaut de contenter tout le monde, se ravissent de ne contenter personne et ne parviennent qu'a vaguement ralentir l'agonie d'une exception sociale avec laquelle la doctrine qui régit dorénavant l'ordre mondial ne peut coexister.
Bref. Nous vivons dans un monde capitaliste et que l'on soit d'accord ou pas avec ce monde, c'est un autre débat dans lequel je ne me lancerai pas (enfin pas aujourd'hui).
Le capitalisme, en tant que théorie, part du principe que l'état ne doit quasiment pas agir sur l’économie. Tout, y compris les prestations qui existent aujourd'hui en tant que "services publiques" (éducation, santé...), y est privatisé. Le monopole inexistant permet à la concurrence entre les différents prestataires de réguler à la fois les prix et la qualité des services.
Si vous m'avez suivi jusque là, vous devez commencer à comprendre où je veux en venir.
Tout simplement au fait que dans un monde capitaliste, votre bulletin de vote n'a plus vraiment la même valeur car les élus que vous choisirez n'aurons qu'une prise minimale sur certains des sujets qui vous préoccupent au quotidien.
Si on prend le chômage par exemple : Il se trouve que c'est moins cher de faire fabriquer des vêtements au Bangladesh et les acheteurs potentiels attachent de l'importance aux bas prix. Du coup ce sont les entreprises qui font fabriquer leurs produits au Bangladesh qui prospèrent et non pas celles qui créent des emplois localement. C'est la loi de la concurrence et l'État ne peut rien faire contre ça.
Si on veut taper là où le bas blesse on peut aussi parler de la politique étrangère : le gouvernement Chinois ne fait pas respecter les droits de l'homme sur son territoire et l'État Français pourrait, devrait même à mon avis, le condamner moralement pour cela. Seulement les entreprises chinoises commandent des avions aux entreprises européennes, on n'ose donc pas risquer de sembler désapprouver leur gouvernement de peur de perdre ce marché. Le gouvernement sous un régime capitaliste, ce n'est quasi plus que le commercial de luxe des entreprises de son pays, à tel point que, si j'osai, je proposerai qu'il soit payé à la commission et non plus à l'aide de nos impôts.
Alors que faire à son échelle pour exprimer ses opinions, puisque voter semble devenu obsolète ? Facile, sous un régime capitaliste, votre vrai bulletin de vote, ce sont vos sous. Le système est sensé se réguler par la concurrence, et c'est à vous de le prendre au mot. D’où vient ce que vous vous apprêtez à acheter ? Comment cela a-t-il été fabriqué ? Avec quelles matières premières ? Son processus de fabrication est-il polluant ? Les personnes qui l'ont fabriqué sont elles sous-payées, maltraitées ? Bien sûr vous n'avez pas forcément toutes les réponses à ces questions, c'est évident, mais bien souvent vous avez en tout cas assez d'indices pour répondre à la question sous-jacente :
Est-ce que la façon dont cet objet est arrivé entre vos mains est en accord avec vos convictions personnelles ? Est-ce que ce vous approuvez ce qu'il reflète de notre monde ?
Si vous pouvez répondre "oui" sans hésitation à ces deux questions alors achetez-le, c'est un vote d'opinion. Si votre réponse est "c'est le moins pire que j'ai trouvé en fonction de mes possibilités (disponibilité/coût)" alors en l'achetant vous votez utile, comme vous l'avez sans doute souvent fait dans les urnes de la République. Si votre réponse c'est "je ne sais pas et je n'y attache pas d'importance dans l’immédiat" sachez que vous êtes abstentionniste. Mais ne le prenez pas comme un jugement de valeur, je le suis moi-même souvent. Parce que ce n'est pas facile de voter à chaque objet mis dans son panier de course c'est certain et déjà le faire une fois sur deux, une fois sur trois, est un score dont on peut être fier.

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