lundi 29 avril 2013

Cyrano de Bergerac

© Brigitte Enguérand

Nous sommes retournés mercredi au théâtre de St-Quentin-en-Yvelines, toujours grâce et avec Môman. Cette fois-ci il s'agissait d'un grand classique du théâtre, le Cyrano d'Edmont Rostand.
J'aime beaucoup le théâtre, mais bien plus le théâtre moderne que le théâtre classique. Je n'ai jamais lu Cyrano et ce que j'en savais se résumait aux souvenirs des répétitions de ma sœur alors en CM2 et devant apprendre ces plus célèbres scènes telles que "c'est un cap c'est un pic..." ou "à la fin de l'envoi je touche". Plus tard, dans le même cours, je suis de mon côté tombée sur des scènes du malade imaginaire, à chacun sa croix.
Pour Cyrano, non j'exagère, je suis comme tout le monde, j'ai vu le film avec Depardieu. Je me souviens l'avoir aimé d'ailleurs. Mais à part ce film vu il y a longtemps, je suis allée au théâtre quasiment vierge face au texte. Amaël était dans le cas inverse de moi, car il connait quasiment la pièce par cœur et l'a déjà vu montée quatre fois.
Ce qui est extraordinaire, c'est que nous sommes malgré tout sortis du théâtre avec le même avis.
Nous avions la chance d'être placés au tout premier rang et pile au centre de la salle (places B1 et B3, on fera difficilement mieux). Nous étions donc quasiment sur la scène, et comme la salle est bien faite, point de torticoli, juste une place au cœur de l'action. Cyrano de Bergerac, c'est un classique s'il en est, mais la mise en scène choisie était cette fois celle d'une pièce moderne. Un décor unique, semblant de salle d'un centre para-médical (type maison de retraite ou asile psychiatrique), agrémenté d'un jukebox incongru. Des costumes réduits à leur plus simple expression, jogging t-shirt pour tout le monde. Un casting court, une petite dizaine de comédiens. Bref un dépouillement évident. S'ajoutent à cela quelques idées surprenantes et bienvenues telles que l'apparition de 2 costumes d'époque le temps chacun d'une unique scène, l'utilisation de Skype pour jouer la fameuse scène du balcon ou les musiques choisies sur le jukebox, au fur et à mesure des scènes, par les personnages souhaitant ainsi exprimer leurs sentiments (Elton John, Queen, les Beatles, Edith Piaf et j'en passe). S'ajoutent enfin des acteurs qui ne déclament pas mais jouent ces alexandrins comme ils joueraient une pièce en prose.
On est surpris par tout ça et je vous imagine inquiet qu'on bouscule ainsi un si grand classique, mais ça fonctionne, ça fonctionne même à merveille, et l'essentiel est là. C'est un peu difficile dans le premier quart d'heure bien sûr, on est surpris, pris de court. Mais une fois qu'on commence à s'habituer, à se détendre, on est irrémédiablement emporté. Emporté par ce texte d'Edmont Rostand qui, joué avec tant de naturel, révèle toute sa beauté, sa délicatesse et son panache.
Un mot sur les acteurs. On a beaucoup parlé de Philippe Torreton qui joue ici le rôle principal. Je ne suis à vrai dire pas une grande fan de l'acteur à la base. Je connais peu son travail, mais dans mon imaginaire, je le vois comme un petit maigre nerveux et il ne correspond donc pas vraiment au rôle. Et bien j'avais tort en j'en suis bien contente. Il habite ici le personnage de façon réellement impressionnante, son Cyrano est très dense, très intense. Les autres acteurs ne sont pas en reste. Il faut voir le visage de Roxane (Maud Wyler) se transformer au fur et à mesure de la scène du balcon sous l'effet de ses sentiments changeants ou le comte de Guiche (Daniel Martin) qui semble marcher constamment sur la corde raide du cabotinage sans jamais en tomber.
Mon petit bémol porterai sur le fait qu'avec des acteurs jouant plusieurs rôles sans changer de costume il est parfois difficile de se repérer, mais bon je m'en suis quand même sortie.
Je vais donc conclure en disant que c'était bien, que c'était beau et que j'en ai presque pleuré.

4 commentaires:

Lucie a dit…

N'oublie pas les cadets de Gascogne! Mais moi aussi j'ai fait le poumon ;)

ioionette a dit…

J'avais oublié tient ! (ils n'ont pas chanté "les cadets" j'ai trouvé ça un chouilla dommage)

Purple velvet a dit…

Ca à l'air assez étrange comme mélange, mais pourquoi pas.. mais la vache, je n'aurais pas reconnu Torreton si tu ne l'avais pas dit. Dans l'absolu, ce n'est pas un acteur que j'apprécie spécialement, mais là encor, pourquoi pas, il peut me surprendre...
J'ai d'ailleurs eu le plaisir d'entendre hier soir de mon passage préféré, tout à fait par hasard , lors d'une soirée d'impro par un jeune homme à tee-shirt, jean et lunettes.. et le texte est tellement bon que ça passait très bien peu importe le contexte :)

ioionette a dit…

C'est effectivement un mélange étrange, mais ça fonctionne étonnamment bien à mon avis, j'espère que tu auras l'occasion de la voir pour te faire ta propre idée.