lundi 16 novembre 2015

Post-attentats...


Vendredi nuit, comme de nombreuses personnes, j'ai du rassurer ma famille sur mon état de santé, leur apprendre que pour une fois, j'avais passé la soirée au fond de mon lit devant un film.
Samedi matin, comme de nombreuses personnes, je me suis retrouvé à angoisser dans l'attente des nouvelles d'un proche (en l’occurrence Soeur) qui ne faisait rien de plus dangereux que la grasse matinée.
Samedi matin toujours, comme de nombreuses personnes, j'ai repris une activité normale. Ce n'était pas de l'indifférence et ce n'était pas que je ne pensais pas au drame. Mais j'ai ressentis comme une urgence de sortir de chez moi, de ne pas laisser les informations tourner en boucle à l'affut du moindre détail sordide, de prendre l'air et de me comporter comme si ces horreurs n'avaient pas eu lieu.
Aujourd'hui plus qu'hier, je me souviens que je peux mourir demain. Mais je me souviens aussi que ce n'est pas ce que je ferais qui provoquera ma mort. En tuant à l'aveugle et sans raison, les terroristes du 13 novembre m'ont enlevé un poids que je ne savais pas avoir sur mes épaule et qui pourtant me pesait depuis les attentats de Charlie hebdo. Celui de me dire inconsciemment qu'il ne fallait pas que je fasse des choses qui me mettent en danger, tout en ne sachant pas trop ce que c'était que ces "choses à ne pas faire" pour moi (parce que bon, déjà je ne suis pas caricaturiste, et puis je respecte toutes les croyance même si (et parce que) je suis profondément athée, donc je n'avais même pas de raison logique de "me surveiller", et pourtant c'est ce que je ressentais, parce que voila la terreur c'est pas logique, et les terroristes non plus et au fond ça je le savais). Parce que même en s'en défendant, nous avons tous pensés que les caricaturistes avaient "pris des risques" avaient "joués avec leur vie", comme une victime de viol ou d’agression qui se culpabilise d'avoir été "désirable" ou d'avoir eu "l'air faible".
La première chose que je me suis demandée, lorsqu'on a tenté de me voler mon sac à l'arraché il y a un mois, c'est ce que j'avais pu faire pour provoquer ça, est ce que je n'avais pas été assez prudente, est-ce que j'avais l'air "riche", etc. Et ça n'a rien d'anormal, on fait tous ça, c'est un des trucs que notre cerveau utilise pour réguler notre angoisse, il essaye de saisir quelque chose qu'on puisse changer pour éviter une nouvelle expérience traumatisante, c'est humain.... Mais putain c'est des FOUTAISES !

On ne "provoque" pas une agression, un viol ou un meurtre, la seule personne qui en soit responsable c'est celui qui le perpétue.
En tuant des gens qui n'avaient d'autre torts que celui de vivre, messieurs les terroristes vous m'avez rappelé que je ne suis pas une potentielle victime. Je suis une personne qui vit, et si ça vous emmerde et que vous êtes incapable de le gérer, quoi que je fasse n'y changera rien. Du coup pourquoi changer ? Je vais continuer de vivre, de sortir si je veux, de manger ce que je veux, de boire un verre en terrasse et aller au resto si ça me fait plaisir, de danser et de chanter parce que c'est ça qui me plais.
Et si mon cœur est lourd d'un certain vendredi 13, je peux vous jurer que ça ne se verra pas, parce que je vous fait la nique messieurs, et bien proprement.

2 commentaires:

ElanorLaBelle a dit…

Ça résonne ici. Merci pour ce billet.

Florine a dit…

<3