lundi 12 octobre 2015

Big eyes

Big Eyes est le premier film de Tim Burton que j'ai envie de voir depuis un long moment. Depuis en fait, la petit déception de son  Sweeney Todd et celle beaucoup plus amère de son Alice au pays des merveilles (qui selon moi piétine gaiement l'essence même du matériaux d'origine).
Sauf que là, en plus de traiter une histoire qui m’intéressait au plus haut point (celle de Margaret Keane et de son œuvre), il s'est attaqué à un environnement dans lequel il lui était impossible de déployer l'esthétique fantastiquo-baroco-horrifique qui noie et embourbe ses réalisations de ces dernières années, assez d'éléments donc, pour piquer ma curiosité.
Et je ne l'ai absolument pas regretté de m’être lancée dans l'aventure. Cette fois, on a vraiment l'impression que Tim Burton s'est mis au service de l'histoire, mais pour autant, il n'a pas laissé tombé sa personnalité et qui connait bien l’œuvre du réalisateur y retrouvera des thèmes et des points de mises en scène qui lui sont familiers, que ce soit dans le côté biscornu des maisons ou dans les faux semblants de l'histoire. Les acteurs sont impressionnants de justesse et Amy Adams semble s'être investie comme jamais, chaque tension de son visage nous emmenant jusqu'au cœur d'un personnage principal qui n'a rien d'une héroïne idéale.
Mais ce qui m'a vraiment plu, c'est que si le film se concentre sur les relations du couple Keane, de leur rencontre à leur séparation, il en profite surtout pour aborder tout un tas d'autres thèmes en chemin, de la place des femmes dans l'art, jusqu'à la transformation de l'art des élites en art populaire, en passant par les relations entre les médias et l'art. Et si tous les thèmes quasiment tournent autour de l'art, ce n'est sans doute pas anodin à ce stade de la carrière de Tim Burton. Un peu comme s'il utilisait la figure de Margaret Keane pour se questionner, et nous interpeler sur son propre parcours.
On ne saura finalement pas dans le film pourquoi Margaret Keane peint tous ces enfants aux grands yeux tristes, et cela tout simplement parce qu'elle ne le sait sans doute pas elle-même, mais ce que l'on y apprend, c'est que le succès et la médiatisation excessive de ses œuvres, lui ont à un moment donné, enlevé toute possibilité de sortir du style qui avait fait son succès. Et finalement, n'est-ce pas aussi un peu le cas de Tim Burton ? Ne continue-t-on pas d'attendre de lui des films montrant un Johnny Depp et une Elena Bonham Carter aux teints pales et aux yeux cernés de noir qui ont fait son succès ?

2 commentaires:

Little Red a dit…

J'ai adoré ce film. Je n'avais pas eu de gros coups de cœurs pour les dernières réalisations de Tim Burton bien que je sois vraiment fan de cet artiste. Je n'ai pas l'impression qu'il s'éloigne de son style dans "Big Eyes". Au contraire, j'ai eu le sentiment de retrouver le réalisateur qui m'avait complètement happée avec "Edard aux mains d'argents" ou "Big Fish". Moins d'effets spéciaux, plus de sincèrité.

ioionette a dit…

C'est un peu ce que j'ai voulu dire, l'essence de sa personnalité est là, mais sans le décorum habituel (Big fish reste un de mes préférés).