jeudi 8 janvier 2015
Hier - Aujourd'hui - Demain
Hier j'étais sous le choc, ça tremblai au fond de moi et je ne savais pas quoi vous écrire. Aujourd'hui je vais être honnête ça ne va pas beaucoup mieux.
J'étais à la place de la République hier soir, avec des milliers d'autres personnes, pour voir des lanternes s'envoler et scander "liberté d'expression".
Je n'ai chanté ni la marseillaise, ni le chant des partisans, car aucune chanson qui parle de sang n'a sa place dans ce deuil, et ceux qui ont tenté le coup ont obtenu trop peu de succès pour aller au delà du premier couplet, à mon grand soulagement.
Me rendre là-bas ne m'a pas aidé parce que je ne suis pas du genre à être soulagée par la grande messe populaire mais je voulais y affirmer ma présence parce que mettre une image sur facebook était bien faible par rapport à mon ressenti. Et ça m'a soulagé qu'on soit aussi nombreux.
Quand je suis partie à 19h30 laissant sur place une amie qui tenait à peine debout de chagrin, je me sentais làche. Mais après mon cours de chant, quand ma prof/amie m'a remerciée d'être venue malgré les circonstances, j'ai vu a quel point pour elle aussi ça avait été dur d'être là pour elle aussi et je me suis sentie plus fière de moi. Pourtant je n'ai pas vraiment chanté, j'ai juste utilisé ma tuyauterie interne pour sortir du son, je n'appelle pas ça chanter quand le coeur n'y est pas.
Aujourd'hui je suis habillée en noir des pieds à la tête. Comme c'est l'hiver, la saison des couleurs sombres, je doute que ça frappe qui que ce soit, mais moi je sais que ce n'est pas un hasard.
Je ne lisais pas Charlie Hebdo, ce n'était pas mon humour et la provoc' à outrance ça m'a toujours gênée un peu, c'est sans doute la partie de moi qui n'aime pas le conflit qui parle.
Ma seule croyance est celle de toujours croire que l'homme peut progresser, s'améliorer, changer, se réinventer et devenir meilleur. Et ça ça passe par la remise en cause des codes. Même je ne vois par ça comme la manière la plus productive de le faire, c'est tout de même exactement ce que font la caricature et l'irrévérence.
Je respecte les religions et les personnes qui y croient, je peux comprendre que la moquerie, l'humour noir pratiqué au dépend des ses croyances soit gênant, ou blessant. Je suis la première à monter au créneaux quand on m'impose des blagues sexistes, parce qu'elles me posent problème et ne me font par rire. Mais jamais on ne répond a une mauvaise blague par un pain dans la gueule, a fortiori plus encore par des balles de kalachnikov. Pourquoi ? Parce que si l'humour met en danger tes croyances, et que tu ne trouve pas d'argument ou de blague qui puisse y répondre, c'est que tes croyances ne doivent pas être bien solides.
Donc je ne comprends pas, ou peut être que je comprends trop bien ce qui s'est passé hier.
Et ça ébranle ma foi dans l'humanité.
La liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté de culte, ont été gagnées durement, douloureusement et au prix de milliers de vies. Sauf que rien n'est jamais définitivement gagné, qu'il ne faut jamais oublier le fardeau que l'on porte, le relâcher une seule minute. Progresser en tant qu'humain, en tant que société, c'est une lutte de tous les instants, c'est ne jamais rien lâcher. D'accord ou pas avec eux, aux hommes qui sont morts hier on ne pourra jamais reprocher leur manque d'intégrité, leur lâcheté ou leur relâchement.
Alors ce fardeau qui est le notre, construit de nos convictions, de nos aspirations et de nos espoirs, et qui est un peu plus lourd aujourd'hui avec 12 personnes de moins pour le porter, ne le laissons jamais tomber.
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