Lorsque vous allez au cinéma, vous pouvez voir quatre types de films différents :
Willow ; Le bon, la brute et le truand et Blade Runner
1) Des film "Live", c'est à dire avec des acteurs de chair et de sang dont une caméra enregistre les mouvements. La majorité des films produits pour le cinéma rentrent dans cette catégorie.
Princesse Mononoké ; La princesse et la grenouille et Brendan et le secret de Kells
2) Des films d'animation 2D, c'est à dire des dessins animés. Ceux-ci sont le résultat de milliers de dessins (24/seconde pour les animations de qualité, je vous laisse faire le calcul pour un film d'une heure et demi) décomposant les gestes des personnages, que l'ont fait ensuite défiler bout à bout pour créer l'illusion de mouvement.
Albator, corsaire de l'espace ; La reine des neiges et Les indestructibles
3) Des films d'animation 3D, c'est à dire des films créés à l'aide de logiciels de conception 3D. On génère par ordinateur grâce à ceux-ci des "marionnettes virtuelles" auxquelles ont peut ensuite faire faire les différents mouvements nécessaires au film.
Wallace et Gromit ; L'étrange noël de Mr Jack et Fantastic Mr Fox
4) Les films en "stop-motion" ou animation en volume, c'est à dire les films réalisés à partir d'objets inanimés. Le réalisateur crée différents éléments (marionnettes, décors) en fonction de ses besoins et il les fait bouger millimètre par millimètre en prenant en photo chacune des positions successives puis il met ces images bout à bout comme dans le cas d'une animation 2D.
Bien sûr, ces quatre catégories techniques ne sont pas imperméables les unes par rapport aux autres et les films live notamment, ont souvent recours à des techniques d'animation pour mettre en scène leurs "monstres". Ces derniers ont longtemps dû leur existence à la stop motion, et ils la doivent aujourd'hui sans conteste à l'animation 3D. Les techniques d'animations 3D ne cessent en effet de progresser et leur fréquence d'utilisation en dehors de films 100% animés suit une courbe ascendante parallèle. Parfois c'est bien fait et on ne s'en rends pas compte, parfois moins et ça se voit.
Je pense ne pas être la seule à me rappeler cette scène de combat dans Matrix Reloaded, qui me parait le meilleur exemple d'intégration ratée d'une animation 3D au sein d'un film live (à moins que le côté très "jeux vidéo" du rendu ai été voulu bien sûr mais n'étant pas dans la tête des réalisateurs, je ne peux pas l'affirmer).
Avec tout ça, rien d'étonnant à ce que l'on s'y perde et que l'on ne sache plus trop reconnaître une technique d'une autre au premier coup d'oeil n'est-ce pas ?
Prenons comme exemple précis Astérix et Obélix, personnages qui sont parmi les seuls existant sur quasiment tout les supports qui nous intéressent. La franchise à en effet déjà été adaptée en animation 2D (les 12 travaux d'Astérix, Astérix et Obélix chez Cléopatre...) ainsi qu'en film "Live" (Astérix et Obélix contre Césars, Astérix et Obélix : mission Cléopartre...) et le sera prochainement en animation 3D (Astérix et le Domaine des Dieux). Voici donc des images d'Obélix dans toutes ses incarnations.
Obélix dans "les 12 travaux d'Astérix", "Astérix et le domaine des Dieux" (en préparation)
et Astérix au service de sa majesté.
L'image de gauche pourrait être une case tirée de la BD originale, il s'agit de l'animation 2D qui correspond à la BD mise en mouvement dans son État le plus brut. Pour l'image centrale, c'est différent, on n'aperçoit plus les contours noir de l'encrage et les couleurs forment des ombrés doux, donnant l'illusion du volume, on se trouve dans une animation 3D. À noter que, au vu des premières images, l'animation 3D fonctionne bien, ce qui n'était pas évident pour l'adaptation d'une BD aux traits aussi caricaturaux et simplifiés qu'Astérix et Obélix.
Prenons un autre exemple facile chez nos amis félins.
Le Chat potté et Les Aristochats
Les fourrures et cheveux, bien plus que les peaux lisses, ne laissent en effet aucune place au doute. Là ou l'animation 2D (en bas) se doit de simplifier les matières à la manière d'un Pompon de façon à les signifier plus qu'a les représenter, l'animation 3D au contraire, se doit de faire apparaitre chacun des poils composant une fourrure, chacun des cheveux d'une chevelure, afin de rendre celles-ci crédible. Il y a d'ailleurs un assez risible concours de cheveux qui fait rage à chaque sortie de film d'animation 3D, qui de Raiponce ou de Mérida possède le plus de cheveux sur le caillou semblant tout à coup devenir une question existentielle.
J'espère que ces quelques images et explications techniques vous auront aidé à faire la part des choses entre ces deux types d'animation et à déterminer plus facilement ce que vous avez sous les yeux. Pour ma part, si je reconnais la prouesse technique que représente l'animation 3D (sachant qu'il reste sans doute une énorme marge de progression possible dans ce domaine), je garde quand même une préférence pour l'animation traditionnelle. Je suis donc plutôt chagrinée de la diminution constante et assez alarmante de la seconde par rapport à la première. Sommes-nous condamnés à voir, à terme, l'animation 2D disparaitre ? Même si cela parait en prendre le chemin (les grands studios, Disney notamment, donnent l'impression d'avoir abandonné cette technique, bien moins rentable que sa cadette), il semblerai que ce ne soit pas non plus une fatalité. Des films plus indépendants, tels que Le magasin des suicidés continuent de se faire et des réalisateurs connus, tels que Hayao Miyazaki, ne paraissent pas prêt à abandonner cette technique. Ajoutez à cela le fait que l'esthétique de la 2D réfait doucement son apparition dans le monde des jeux vidéo (là aussi par le truchement de jeux indépendants tels que Don't Starve) et tout laisse à penser que l'animation 2D a, finalement, encore de beaux jours devant elle, et cela pour le plus grand bien de la diversité cinématographique.
2 commentaires:
Super, cet article (juste un truc de forme à corriger, repéré au vol : "au cinéma" et pas "au cinémas").
Merci (et c'est corrigé) !
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