vendredi 14 novembre 2014

Les compagnons du crépuscule


Lorsque je vous ai dressé une liste de 10 bandes dessinées à lire de mémoire, j'ai évoquée, entre autres, la série de François Bourgeon : Les Compagnons du crépuscule. Bien que moins connue que Les passagers du vent, série phare de l'auteur, cette trilogie ancrée au Moyen-Âge remporte pourtant ma préférence. Bon bien sûr ça à sans doute un (vague) rapport avec le fait que je fais de la reconstitution médiévale hein...
Pour vous résumer l'histoire, celle-ci se déroule au XIVeme siècle en France et suit, depuis leur rencontre et quasiment sur une année entière, l'errance de trois personnages dont l'assemblage semble bien hasardeux. On a donc un chevalier sans visage dont le passé est bien sombre et l'avenir plus encore, une jeune femme rejetée en tant que rousse et sorcière et qui a provoqué le massacre de son village et un jeune homme survivant de ce même village dont la lâcheté semble être la caractéristique principale. D'un premier tome mettant en place les personnages et la dynamique qui se crée entre eux, on passe ensuite à un second centré sur une aventure franchement fantastique pour finir avec un long tome de conclusion qui ramène tragiquement aux horreurs perpétrée par les seuls humains.
Alors soyons clair, âmes sensibles s'abstenir, la guerre de 100 ans ainsi que l'arrivée de la peste ne rendent pas l'environnement dans lequel évoluent nos héros des plus agréables et peu sera épargné au lecteurs des viols et des massacres, parfois sans raisons, parfois prémédités s'abattant au hasard sur les personnages. On meurt facilement au XIVe siècle, pas de doute là-dessus. Et pourtant j'ai trouvé que, loin de dégouter le lecteur, ce côté poisseux de l'environnement ne faisait que l'impliquer plus, tout comme les défauts et les erreurs des personnages amènent à s'attacher plus à eux que s'ils n'avaient, comme c'est souvent le cas dans la fiction, que des "faux défauts" qui ne portent pas à conséquence (tel que la curiosité, le perfectionnisme...), ou qu'il ne faisaient que des erreurs dont les conséquences peuvent être rattrapés d'un claquement de doigt.
Ajoutez à cela un dessin de Bourgeon au meilleur de sa forme (personnellement je préfère son travail à l'époque que l'actuel) et une colorisation qui n'est pas faite à l'ordinateur (la série étant sortie en 81 ça semble normal, elle n'a heureusement pas été recolorisée pour la nouvelle édition comme c'est le cas de Sambre (et c'est un ratage, achetez l'ancienne édition si vous la trouvez)) et vous comprendrez pourquoi je vous recommande chaudement de lire cette bande dessinée.
A savoir qu'il existe, pour compléter votre lecture (si vous aimez l'histoire) un livre présentant la quasi-totalité des sources desquelles François Bourgeons à tiré les éléments de sa série : enluminures, sculptures, textes, etc. ; le tout commenté par Michel Thiebaut, un historien spécialisé dans l'étude de la représentation de l'histoire en image. La série étant extrêmement bien documentée, le livre en question est long et passionnant.

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