Le premier étage est un genre de "musée personnel" de l'artiste, regroupant ses meubles de famille et acquisitions.
S'il parait au départ anecdotique, il révèle en fait beaucoup de la personnalité de l'artiste,
et des influences qu'il a subi.
On arrive au second étage dans un atelier immense et clair,
devant un escalier qui est une pièce de bravoure à lui tout seul,
pour y découvrir une très belle salle d'exposition.
Dés le rez-de-chaussée, un encart vous apprends que le musée à été pensé et créé par l'artiste lui-même sur la fin de sa vie, dans le but d'éviter la dispersion de son oeuvre. Il l'a donc légué à l'État un musée clef en main à sa mort en 1898. La réticence de l'État à accepter le don en question et à ouvrir les portes du musée ensuite, qui se sont traduits par une ouverture quelques 5 ans plus tard en 1903, montre que le peintre se croyait sans doute plus célèbre qu'il ne l'était réellement auprès de ses contemporains. Cela dit, si on peut lui reprocher d'avoir eu la grosse tête, force est de constater qu'il avait sans doute un peu raison. Les peintures de Gustave Moreau sont aussi singulières qu'elles sont extraordinaires.
Les muses quittent Apollon, leur père, pour aller éclairer le monde (détail), 1868
L'apparition (détail), 1874
Hélène glorifiée, 1896
On dit souvent d'un artiste qu'il est plus dessinateur ou plus peintre. On désigne par cela une affinité au trait ou à la couleur. Le premier réflexe devant les tableaux de Gustave Moreau c'est de le classer dans les dessinateurs, notamment lorsque l'on voit les très belles esquisses préparatoires en grand format présentés au musée (au premier étage, très chichement éclairé et que je n'ai donc pas pu prendre en photos, désolée). Et pourtant, lorsque l'on se plonge un peu plus dans son oeuvre on se rends compte que, non content d'être à la fois un peu l'un et un peu l'autre, l'artiste n'a jamais réussi, ni à choisir entre ces deux extrêmes, ni réellement à les concilier. Ainsi ses oeuvres naviguent entre soin méticuleux donné au trait et concentration sur le jeu des couleurs, à tel point que très peu d'entre elles donnent l'impression d'être finies. Ici les couleurs du ciels seront superbes mais les traits du visage à peine esquissés alors que là les bijoux seront parfaitement dessiné sur un fond de couleurs pas vraiment définies. Pour les même raisons on voit souvent cohabiter sur le même tableau des corps modelés de manière très classique, donnant une vraie illusion de volume, et des bijoux dessinés à plat, comme plaqués sur la toile. Cette association de 2D et de 3D que l'on retrouvera un peu plus tard chez Klimt notamment, me semble être un aspect marquant de son oeuvre.
Jupiter et Sélémé (1895)
Jupiter et Sélémé, détail (1895)
Une autre chose dont qu'il me semble important d'évoquer à propos du travail de Gustave Moreau, ce sont les thématiques qu'il aborde. Exotisme, mythologie antique ou biblique, mort et surtout femmes, des femmes glorifiées, ambivalentes ou pures mais desquelles provient souvent toute la lumière présente dans les tableaux, reflétée par leurs peaux d'une pâleur tranchante. Dans ces thèmes, le peintre se rapproche à la fois des préraphaélites et des romantiques tout en arrivant trop tard pour faire parti de l'un ou de l'autre de ces mouvements. Dans son époque qui voit l'éclosion des impressionnistes, Gustave Moreau semble anachronique, un avatar du XIXème siècle finissant alors que le XXème siècle galope déjà dans l'art, un peintre dont toute l’œuvre pointe vers une direction picturale vers laquelle personne n'a semblé vouloir s'engager à sa suite, même si, selon moi, c'est bien dommage.
2 commentaires:
Bel article ! (Et avec des photos bien plus réussies que les miennes...)
Merci ! cela dit si je te bas en terme de photos, je suis àla ramasse en ce qui concerne la réactivité ^^
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