J'avais beaucoup apprécié le premier tome, notamment grâce à son contexte original et relativement méconnu. Si c'est à nouveau le cas pour ce second tome, je m'y suis par contre beaucoup plus attaché aux personnages. J'avais parlé d'Elisabeth comme un "cheveu sur la soupe", insensible aux pressions sociales, mais, comme je l'avais pressenti, c'est loin d'être le cas de son frère Louis qui, par contraste, semble les ressentir plus que quiconque. Son incapacité a s'en défaire semble lui venir autant de son éducation que de la place qu'il se doit d'assumer au sien de la société. Ainsi lorsqu'il se retrouve à "faire sa cour" auprès des puissants à Versailles, il s'intègre et se plie avec facilité à un système dont il semble pourtant souffrir, tout simplement parce qu'il n'imagine pas une autre manière de faire. Face à ce Louis pétris de principes et d'honneur mais dont le manque d'imagination est le défaut majeur, la sage et impétueuse Sarah prends vite toute sa saveur. C'est à nouveau une femme farouchement indépendante que nous offre l'auteur, mais contrairement à Elisabeth, Sarah est un pur produit de son histoire personnelle et son désir d'indépendance ne sort pas de nulle part. La demoiselle a les pieds sur terre et sait naviguer dans des milieux hostiles avec un brio qui force l'admiration, ainsi si elle doit, dans la première partie du roman, compter sur l'aide de Louis pour s'en sortir, elle le secondera si bien dans la seconde partie qu'elle rétablira facilement un équilibre bienvenu dans leur relation.
Comme au sein du premier tome, l'auteure prends ici bien soin de mettre notre couple noble à l'abri de la révolution française maintenant toute proche, par contre elle laisse la petite dernière de la fratrie d'Arsac, que l'on devine être notre prochaine héroïne, au coeur même de la cour de France. Une cour cruelle et vaine dont la déliquescence prochaine parait comme une évidence après l'intrusion plus poussée de ce second roman en son sein, Eleonore Fernaye nous dépeignant en touches discrètes et sombres, l'ambiance d'une fin de règne.
"Réprimant un soupir, il jeta un coup d'oeil par la fenêtre ouverte d'où il apercevait un coin de ciel bleu sans nuage se découper au-dessus des toits du château."
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