vendredi 19 juillet 2013

Akira

Je profite souvent de mes vacances pour rattraper mon retard sur les œuvres que je regrette de n'avoir pas encore lu/vu, que ce soit dans le domaine de la littérature ou dans celui du cinéma. La programmation du cinéma de mon lieu de vacances ne me plaisant pas plus que ça, j'ai décidé que côté film, ça attendrait le mois d'août et le festival du cinéma en plein air de la villette et que j'allais plutôt m'occuper de la partie littéraire pendant mon séjour en bord de mer.
Fort heureusement les bibliothèques des stations balnéaires ont la bonne idée de proposer des forfaits "vacanciers" et elles recèlent bien souvent de nombreux livres et BD que je n'ai pas lu.
Akira fait parti des monuments de la BD qui m'avaient jusque là échappés mais voici mon retard rattrapé. Il faut savoir que cet ouvrage a un parcours très particulier. Manga sorti en France en 1990, il a également été le premier succès critique et public du genre. Depuis, à l'instar de certaines oeuvre de Jiro Taniguchi, il bénéficie d'une place à part dans le paysage de la bande dessinée française. Une sorte d'aura de bienveillance qui fait que même les personnes qui ne jurent que par le franco-belge et qui sont persuadées de la nullité des manga, l'ont dans leur BDthèque.
Pour ce qui est de l'histoire, Akira c'est de la pure science fiction post-apocalyptique. L'action se déroule en 2019 dans la ville de Néo-Tokyo, la troisième guerre mondiale est passée par là et l'ancienne capitale du Japon a été en partie détruite par une gigantesque explosion. On suit deux adolescents délinquants de 15 ans, soudés par une profonde amitié et qui n'ont jamais connu le monde d'avant. Ils font parti d'une bande de motards accro à la vitesse et à la drogue. Kaneda en est une sorte de leader, probablement du fait de son charisme et de son côté salaud sympathique. C'est un personnage très premier degré, limite naïf. Son comparse Testuo est très différent, secret et sombre, il est visiblement tiraillé entre la jalousie qu'il éprouve devant la popularité de Kaneda et son amitié pour celui-ci. Un soir, alors que toute la bande fonce en moto dans la vieille ville interdite de circulation mais dont ils ont forcé l'entrée, Testuo subit un grave accident en tentant d'éviter un étrange enfant.
Et je n'en dirai pas plus.
Sachez juste que l'histoire est très intéressante et bien menée. Les personnages et les situations évoluent en permanence, il n'y a pas de temps mort et on ne s'ennuie jamais. Graphiquement c'est très beau, très cinématographique au niveau des plans utilisés (rien de surprenant pour un manga me direz-vous, mais quand même, c'est rarement aussi bien fait). De nombreux thèmes sont abordés en filigrane de l'histoire mais de façon je pense suffisamment subtile pour que chaque lecteur s'empare de ceux qui lui parlent.
De mon côté ce qui m'a énormément marqué c'est le côté à la fois punk/no future du récit et l'espèce d'immense espoir qui le sous-tend tout de même. Chaque fin n'est qu'un recommencement, charge aux hommes de faire mieux que la fois précédente. De la même manière, Katsuhiro Otomo viens régulièrement, graphiquement ou au niveau des dialogues, notamment grâce au personnage de Kaneda qui ne prends pas grand chose au sérieux, placer de l'humour au sein d'un récit d'une tonalité générale très sombre.
Ce sont ces contrepoints, ces dialogue rage/espoir, peur/humour, Testuo/Kaneda qui donnent une force énorme à ce récit et qui en font je pense, à la fois un marqueur de son époque (il à été publié entre 1982 et 1990) et une œuvre indémodable.

Aucun commentaire: