Tout simplement parce que je l'ai beaucoup aimé.
Des différentes périodes de l'artiste, je ne connaissait que les "Nanas" et les "Tirs", ce que j'ai découvert dans ma visite, ce sont toutes ses autres oeuvres et les liens qui existent entres elles. L'art de Niki de Saint Phalle n'est en effet pas figé, il évolue tout au long de sa carrière artistique, en même temps qu'elle-même évolue dans sa personnalité et dans ses opinions.
Et une des opinions qui dirige l'oeuvre de Niki de Saint Phalle est son féminisme. Sauf que celui-ci à bien vieilli, donnant, s'il en était besoin, la confirmation que le contenu des concepts est loin d'etre figé dans le temps. Elle fut de la seconde vague du féminisme (la première ce sont les suffragettes, la troisième celle que nous vivons en ce moment même), celle d'avant les études de genre, celle qui voulait la femme toute puissante, persuadée qu'elle en était que la possibilité d'être mère régi la nature tout entière de la femme, lui donnant créativité et compassion en abondance (oui la seconde vague du féminisme méprise un petit peu les hommes...). Mais même si ce discours est viellot, les oeuvres qu'il a amené l'artiste à produire n'ont elles pas pris une ride. Parce que l'art de Niki de Saint Phale n'est pas seulement une revendication politique, c'est aussi une catharsis, une jubilation, pas étonnant puisque l'art l'a sauvé et sa depression me direz-vous. Et pourtant sur une oeuvre si diversifiée, évoluant sur plus de 40 ans, c'est impressionnant de retrouver ce sentiment sur toute la longeur.
Pour moi il est impossible de rester de marbre devant des oeuvres qui dégagent autant des sentiments et de la personnalité de leur auteur. On a envie de prendre ses "nanas" dans ses bras, de tirer à la carabine sur ses tableaux, de pénétrer dans ses monuments. L'artiste s'est tant donnée à son art, avec un enthousiasme et un abandon si touchant, qu'elle emmène son public avec elle, comme en otage de cette femme à l'univers si riche, si multiple, si torturé et pourtant si jubilatoire.
Au début ce sont encore des tableaux, mais collé d'objets réels : grains de cafés, bout de plastique...
Et puis ce sont des sculptures faites de toutes ces matières du réel, des mariées, des prostituées, des accouchées, conglomérat de poupons, d'ustensiles de dinette et d'araignées de plastique.
Les tirs, à la fois performance filmées...
Les fameuses "Nana", sans doute ses oeuvres les plus connues
Dont Hon, femme géante et éphémère, dans laquelle on pénétrait par le sexe, pour y trouver, un planétarium,
un bar a milkshake... enfin tout un univers fait femme.
Un art fait qui fini par sortir du musée, pour envahir les jardins et les villes...
... tel le Jardin des Tarots, en Italie, que j'aimerai bien visiter un jour.
Il est dés lors d'autant plus rageant d'entendre, sur les archives de l'ina presentées en regard des oeuvres (excellente idée de scénographie d'ailleurs) les journalistes parler avec condescendance de l'artiste en raison des trois tares impardonnable qu'elle cumule : elle est née femme, elle est née riche, et elle fait de l'art qui n'a pas la bonne idée d'etre figuratif et chiant. Leur mépris suinte dans les reportages et se fait le miroir d'un public qui rejete allègrement ce qui dans l'art ne correspond pas à des codes 100 fois rebattus. Que celui qui n'a jamais entendu quelqu'un dire "et on dit que c'est de l'art ma petite soeur de 3 ans ferai mieux" me contredise donc. Le mepris dont a eté victime Niki de St Phale existe toujours, et sans doute en est elle elle-meme encore victime, et pourtant ses oeuvres touchent le public parce que pour qui sais ouvrir les yeux et sortir de son quand à soi, leur richesse et leur sincérité ne peuvent etre qu'une révélation.
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